mercredi 14 mai 2014

[Réflexion sur la littérature #1] De l'âge inscrit sur les couvertures des romans.

KID + BOOK
Crédit photo :  trouvée sur We heart it


Exemple 1 :
Charlie et la chocolaterie. Une histoire peuplée de grands papas gentils, de confiseries multicolores, de petites créatures rigolotes et d'un Johnny Depp toujours sexy mais toujours barré. 9 ans.

(Bon ok, c'est un peu caricatural, vu l'arrière plan évident de condition ouvrière et d'aliénation du travail opposées à la créativité, mais vous voyez ce que je veux dire dans l'intention du bouquin en lui-même.)

Exemple 2 :
Harry Potter. Un univers plutôt sombre pour un parcours initiatique des alliances et des trahisons sur fond de menace de guerre, d'êtres humains discriminés et jugés de classe inférieure. 10 ans.

Soit on sous-estime les enfants de CM1 (grosso modo la classe des enfants de 9 ans), soit le programme de CM2 est beaucoup plus complet que dans mon souvenir.


Je trouve totalement absurde d'estampiller des romans de cette façon, de les étiqueter parfois un peu arbitrairement «jeunesse», quand l'histoire de fond est souvent riche et complexe (même si les personnages principaux n'ont qu'une dizaine d'années). Bien sûr, l'âge n'est pas une règle à suivre absolument mais une simple indication. J'ai pourtant l'impression que ça oriente les lecteurs (c'est fait pour tu me diras) mais pas nécessairement à bon escient. D'autant que c'est super bizarre : il y a probablement beaucoup plus de différence entre un lecteur de 50 ans et un lecteur de 25 ans, qu'entre un lecteur de 9 ans et 10 ans. Pourtant personne n'aurait l'idée d’apposer 28 ans et demi sur la quatrième de couverture d'un roman «pour adultes».

Au sein même de la catégorie jeunesse/junior, un parent ou un proche d'un enfant aura plutôt tendance à proposer à l'enfant des livres clairement identifiés «de son âge», alors qu'on sait parfaitement que les petits bouts n'évoluent vraiment pas tous de la même manière. Un jeune lecteur pourra donc vite se retrouver en décalage avec un ouvrage pourtant marqué de son âge.

Et si le label «jeunesse» n'est pas systématiquement gage de moins bonne qualité, la simple mention repousse sans doute la plupart des adultes qui n'envisagent de fait même pas la lecture de ces romans.
Sans parler de l'opinion publique, toujours très prompte à s'emparer des terminologies «pour enfants», «pour ados», «pour filles» à l'emporte-pièce pour orienter sa perception.

Et c'est plutôt dommage.

Du coup moi je m'interroge. Est-ce que ça ne gêne que moi et qu'en réalité tous les âges lisent joyeusement tous les bouquins sans être perturbés? Est-ce que je raconte que des conneries et qu'elles vous paraissent indispensables ses indications jeunesse et d'âges qu'on trouve souvent sur les livres?


Et vous les chéris, les différentes catégories influent-elles sur vos lectures?
Les livres «jeunesse», vous en avez lus plus jeune? Vous en lisez toujours (parce que pour qui je me prends vous êtes toujours super jeunes!)?



xoxo
Lily

8 commentaires:

  1. Tout à fait d'accord avec toi !
    Un autre exemple : A la Croisée des Mondes de Pullman, une trilogie excellente mais classée "jeunesse" en France... alors que beaucoup de ses thématiques sont très complexes. Je pense que beaucoup tient à l'âge des héros (héros jeunes = livres pour enfants) !

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  2. Tu ne crois pas si bien dire Jull puisque A la Croisée des Mondes est exactement l'objet du propos de mon prochain article, à paraître dimanche! Comme quoi, c'est que ça a du sens ce qu'on raconte.
    Je reviendrais sur la question du pour enfant ou non, des thématiques etc. :)

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  3. Je vais essayer de répondre avec ma propre expérience. Quand j'étais jeune, j'ai commencé avec la bibliothèque rose et puis verte. Mais après j'ai vite été dans les livres de poche de mes parents et j'ai lu des Robin cook, très jeune vers 13-14 ans.
    Et étant Ado, j'ai pas beaucoup lu de livre ado, mais maintenant j'en lis beaucoup plus.
    Je pense que si les parents proposent des livres à leurs enfants après il faut aussi laisser les enfants "fouiller" dans les bibliothèques et les magasins pour ce faire une opinion et choisir ses livres (tout en étant cadré quand même un peu, ne laisser pas un gamin de 12 ans lire 50 nuances de grey).
    j'espère que je suis claire lol

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  4. Difficile d'avoir un avis tranché sur la question. En grande lectrice de romans ados dits Young Adult, je vais essayer de donner mon avis sans trop m’emmêler les pédales.
    Il est évident que ranger des livres dans des catégories d'âge et de genre, c'est marketing... mais pas que. Là, le très bon exemple d'A la croisée des mondes prend tout ses sens car la série, au départ publié chez Gallimard jeunesse, est également dispo dans la collection SF de Folio... adultes donc. Idem pour Le Clan des Otoris et pas mal d’autres. Depuis quelques temps, il y a même des sorties simultanées ado/adultes (le dernier Coben, un Zafon (je ne sais plus lequel)...) On capte ET le lectorat estampillé jeunesse qui ne serait peut-être pas allé voir du côté de l'adulte Et le lectorat dit adulte qui trouve trop bébés les livres jeunesse, sans même avoir déjà osé y jeter un œil d'ailleurs. Depuis une quinzaine d’années, la littérature jeunesse a vachement évolué. Avant, elle était quasi toujours en poche. Avec la génialissime série de Pullman (on en revient toujours aux bons !) et Harry Potter, la litté ado a été davantage reconnue et a eu droit au grand format, un format jusque-là réservé aux « adultes ». Du coup, les « grands » ont commencé à s’intéresser à cette littérature. Une aubaine pour le marketing !
    Bon, je m’éloigne sans doute beaucoup de la question. Je ne saurai pas dire vraiment si je suis « pour » ou « contre » la tranche d’âge sur une couverture. En librairie, c’est une bonne indication pour aider les libraires à s’en sortir devant les montagnes de nouveautés qu’ils reçoivent. C’est aussi une indication pour les parents, malgré tout. C’est forcément un peu réducteur car comme tu le dis, chaque enfin a sa propre évolution. Mais je pense qu’il peut être une aide pour tous ceux qui ne connaissent pas bien le livre et ses codes.
    Enfin, et je vais reparler du roman ado, je suis persuadée qu’il y a un « style jeunesse ». Je ne parle pas que de l’âge du héros qui prédéfinit bien souvent la catégorie dans laquelle l’ouvrage va être classé. Moi, par exemple, je lis bcp de romans ado. J’aime leur rythme et leur honnêteté. Les romans ados sont teintés d’un souffle particulier. Un auteur jeunesse n’est pas forcément capable d’écrire pour les « adultes » et l’inverse est valable aussi. Idem pour les lecteurs.
    Bref, je m’arrête là car mon commentaire est de la taille de ton article, et, qu’en plus, je n’ai pas spécialement répondu à tes interrogations.
    Au plaisir de divaguer lecture entre tes pages :-)

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  5. Stéphanie : Tu as raison de souligner l'importance de laisser les enfants se diriger naturellement vers ce qu'ils ont envie tout en les aiguillant vers plein de choses différentes pour qu'ils découvrent au maximum.

    Blablayablog :
    T'inquiète pour la longueur j'ai trouvé ton avis HYPER intéressant. Je n'avais pas pensé à mentionner certains points, et sur ce sujet c'était plutôt nécessaire.

    Je n'étais pas du tout au courant qu' A la Croisée des Mondes avait aussi été publié en folio "pour adultes". Je connaissais les couv folio junior mais c'est vrai que maintenant que j'y pense (et que tu me le dis!), j'ai aussi croisé celles de folio SF.

    J'ai découvert les sorties simultanés ado/adultes quand j'étais en stage aussi, et je trouve ça tellement bien. Loin des idées marketings (même si cela en fait partie aussi, faut pas se mentir), c'est important de faire une peu tomber les frontières entre les genres. J'aime bien cette idée de mixité des lectorats, c'est moins clivant et surtout moins, on range moins les titres et les auteurs dans des cases. C'est peut-être plus facile après pour eux, s'ils ont fait du jeunesse et qu'ils veulent se lancer dans autre chose de se détacher de cette image.

    Je vais peut-être pas revenir sur tout parce qu'il y a tout de même des raisons logistiques évidentes. Et puis plus personne ne nous lira si on écrit que des pavés !^^

    Après oui, je suis assez d'accord, on peut définir un style jeunesse... et des millions de choses à faire avec. Ce que je voulais surtout souligner c'était que style jeunesse n'était pas moins bien (ou mieux hein, y'a pas de classement) et que c'était dommage de passer à côté juste parce que les romans sont un peu trop étiquetés.

    Et je suis pas certaine qu'il y est vraiment de réponses à ces questions à débats. Je m'intéresse surtout aux différents avis et aux interrogations quant à savoir à quoi ça sert vraiment, ce que ça dit des livres et comme ça se ressent sur les lecteurs.

    Tout le plaisir de te lire était pour moi alors à très vite j'espère :)

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  6. Coucou.
    Ton article est très intéressant. L'âge inscrit sur les livres m'a presque toujours interpellée, car étant petite, tout au début, j'avais ''honte'' d'acheter un livre conseillé aux plus petits. Lorsque je comprenais un livre inscrit/conseillé pour les plus grands au contraire, j'étais fière. Et puis, après réflexion, j'ai commencé à être outrée. Harry Potter est l'exemple le plus typique qui trône dans mes pensées! Je ne comprends pas pourquoi on le situe dans la catégorie ''10 ans''! Je rêve tellement qu'il existe une ''double édition'' : l'une pour les enfants, avec de beaux dessins, l'autre pour les adultes, pour que chacun s'y retrouve. Surtout qu'il y a PLEIN de choses dans Harry Potter que l'on ne comprend qu'en étant adolescent ou adulte. En relisant la saga en grandissant, plein d'éléments m'ont alors comme surprise car je n'y avais pas accordé d'importance lorsque je n'avais que 10-14 ans.
    Eléanor.

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  7. Coucou Eléanor!

    Ton commentaire est super intéressant parce qu'il raconte une expérience encore différente. C'est vrai que les enfants ne sont pas toujours tendre entre eux, et on peut comprendre que, dans leurs têtes d'enfants, ils puissent être mal à l'aise de lire des "8 ans" en étant de 10 ou 11 ans. Alors que comme tu l'as dit, en réfléchissant (et en grandissant), on comprend bien que les indications sont trop aléatoires pour faire attention à quelques années de différence (pourtant si importantes quand on est enfant!)

    Merci de ton avis en tout cas, je suis vraiment contente d'avoir ouvert cet article pour pouvoir lire toutes vos différentes/opinion etc. :)

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  8. Une petite anecdote m'est revenue à la lecture de ce billet, je vous la fais donc partager : je me rappelle avoir emprunté à la bibliothèque le tome 4 de Harry Potter (Harry Potter et la coupe de feu) sur lequel était indiqué « À partir de 11 ans ». Et du haut de mes dix ans et demi, j'étais très fière de le lire ! (ben oui, dix ans et demi, ce n'est pas pareil que 11 ans. ^^)

    Notons qu'il n'y a plus d'indications d'âge aujourd'hui sur les livres de cette saga (du moins ça ne me dit rien.)

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