dimanche 14 juin 2015

Des madeleines de Proust en papier.

Si vous me suivez régulièrement, vous savez que l'une de mes (nombreuses) passions est de relire certains des mes romans. A cela plusieurs raisons : soit parce que leurs synopsis m'intéressent à nouveau (et que j'ai complètement oublié leurs contenus), soit parce que je me suis récemment procuré une suite (et que j'ai une fois de plus oublié ce que les tomes précédents racontaient), soit parce que je les aime tellement que je n'ai pas du tout envie de les laisser prendre la poussière sur mes étagères. 

Il y a quelques semaines, je suis tombée sur un article qui parlait justement d'une petite nouvelle que j'adorais étant jeune, et que j'avais relégué au fond de ma mémoire depuis que j'avais dépassé le mètre vingt (je ne lisais pas encore à 3 ans mais j'ai été petite très longtemps, ne vous inquiétez pas). Il ne m'en fallait pas beaucoup plus pour me donner envie de fouiller le grenier et d'en exhumer une ou deux malles de bouquins poussiéreux. Comme je n'ai ni malles, ni grenier (la poussière par contre, pas de soucis), comprenez que j'ai retiré quelques rangées de livres de mes étagères pour récupérer les titres qui sont tout au fond et que je n'ai pas touchés depuis des années.

Parce que je les ai adoré dans mes jeunes années, et pour peut-être vous rappeler vous-même à de vieux souvenirs, j'ai décidé de vous en présenter quelques uns! Comme il est plutôt rare que je mette en avant la littérature jeunesse en des termes élogieux, je me suis dit que c'était l'occasion.


L'enfant Océan de Jean-Claude Mourlevat

4ème de couv' : Une nuit, Yann réveille ses six frères ainés, tous jumeaux. Il faut fuir : leur père a menacé de les tuer. Irrésistiblement attirés par l'Océan, les sept enfants marchent vers l'Ouest. De l'assistante sociale au routier qui les prend en stop, du gendarme alerté de leur disparition à la boulangère qui leur offre du pain, chacun nous raconte à sa façon un peu de leur incroyable équipée.



































Quand j’étais en sixième (au siècle dernier en gros), les contes étaient au programme de français. En plus des classiques, ma prof nous avait fait étudier ce livre, L’enfant Océan, réécriture du Petit Poucet. Pour une raison ou une autre, il fait parti des livres que j’ai conservé jusqu’à aujourd’hui. C’est une histoire qui ne paye pas de mine à part si vous êtes une groupie du conte retranscrit par Perrault, et qui s’est pour moi révélé poétique et doux sans que je comprenne vraiment comment. Là où l’histoire du Poucet initial est violente, le récit de l’enfant Océan est plutôt rustre et sans chichi comme la campagne où il se déroule. Au delà de protéger ou sauver sa famille, cette réécriture est surtout à propos de poursuivre ses objectifs et ses rêves avec les moyens mis à notre disposition, aussi dérisoires soit-ils. 
D’aussi loin que je m’en souvienne, je me suis toujours attachée aux personnalités et aux destins des personnes à l’intelligence hors-normes. Yann, le Petit Poucet de cette réécriture et personnage central de cette histoire (même si on n’entend jamais son point de vue), fait parti de ces cerveaux auxquels je m’identifiais très vite étant jeune. Vous remarquerez que je suis d’une modestie à toute épreuve, même jusqu’aux tréfonds de mon inconscient enfantin. À l’image de Matilda par exemple, que j’ai toujours préféré à Charlie et la Chocolaterie dans la bibliographie de Roald Dahl. J’aurais aimé vous en parler également aujourd’hui, mais mon exemplaire a disparu depuis des années et je n’ai toujours pas pris la peine d’en acheter un nouveau. 
Pour en revenir à L’Enfant Océan, j’ai été surprise de voir à quel point il était bien noté, ne serait-ce que par les clients Amazon. Je n’ai pas l’impression que ce soit un titre particulièrement connu ou incontournable. Ce n’est pas non plus une révolution de la littérature jeunesse, même si c’est un joli livre. Peut-être est-ce dû aux nombreux collégiens qui, comme moi, ont croisé au cours de leur scolarité ce conte moderne salué et soutenu par l’Éducation Nationale? Dites-moi si vous le connaissiez!

L'enfant Océan 
Jean-Claude Mourlevat
Pocket Jeunesse


Le Monde Délirant d'Ally de Karen McCombie

4ème de couv' : Ma famille est bizarre. D'accord : tout le monde dit la même chose, mais la mienne est vraiment bizarre. Par exemple, ma mère est partie en vacances il y a quatre ans... et n'est toujours pas revenue. Je ne vous parle pas de mes soeurs, complètement dingues, ni de mon petit frère, à moitié zinzin. Heureusement que Papa est là... enfin façon de parler.


































Avant de commencer à parler du Monde Délirant d’Ally, j’aimerais attirer votre attention sur la couverture. Pourquoi, me direz-vous, il n’est peut-être pas nécessaire de s’attarder sur une illustration à la beauté aussi douteuse. Et vous auriez tout à fait raison. Je vous invite aussi à jeter un coup d’oeil à la couverture de la nouvelle édition qui, si elle est nettement plus jolie, ne sert pas davantage le propos de cette série. Avec l’édition que je possède, on n’a pas une seconde envie d’ouvrir le bouquin pour en lire une ligne. La nouvelle édition ne donne pas l’impression de concerner quelqu’un de plus de 6 ans et demi (ce qui n’est pas le cas). Ceci étant dit, et parce qu'on ne juge pas un livre à sa couverture, on va poursuivre.
Le Monde Délirant d’Ally compte 14 tomes (ne paniquez pas, ce sont des poches de moins de 200 pages qui se lisent en un rien de temps), que je suis actuellement en train de relire. J’ai été agréablement surprise de constater que j’y prenais autant de plaisir à presque 22 ans qu’à 12 et demi. C’est une série qui n’est pas exempte des qualités qui font souvent cruellement défaut aux livres destinés cette tranche d’âge. Ally, la narratrice, a 13 ans. Elle est plus jeune que la plupart des héroïnes de littérature jeunesse d'aujourd’hui mais elle n’a aucun monde à sauver donc ça ne lui pose à priori aucun problème. C’est de toute façon l’un des seul personnages auquel j’ai trouvé peu d’intérêt, ce qui, bien qu’elle soit au coeur de l’histoire, ne m’a jamais empêché d’apprécier ma lecture. Le regard qu’elle pose sur son monde délirant justement est beaucoup plus intéressant que  sa propre personnalité : l’admiration avec laquelle elle voit ses soeurs, la tendresse et l’affection qu’elle porte à son petit frère et son père, le respect qu’elle a pour sa grand-mère… On s’attache très vite à toute la petite famille, au point que plus jeune, j’ai alternativement essayé de ressembler à la parfaite Linnhe et à la géniale Rowan (sans grand succès, évidemment).
L’écriture est très simple sans hérisser le poil en étant trop familière par exemple. Elle est en tout cas complètement adaptée au langage et à l’âge de celle qui est censée la porter. Le petit plus réside dans le ton, empreint d’humour, d’ironie, de second degré et de tout ce qu’on veut. C’est pas non plus un sketch de Gaspard Proust, hein, ne rêvez pas, mais pour le genre c’est plutôt agréable d’avoir envie de sourire plutôt que de se farcir les chouineries dramatiques qu’on nous sert habituellement. 
Les thèmes abordés sont, comme attendus, plutôt destinés à un public adolescent (mais pas que). Un oeil plus adulte ne sera pas inintéressé, notamment par le traitement de certains sujets audacieux pour l’époque : famille monoparentale, baby blues, personnages secondaires homosexuels non-définis par leur homosexualité, etc. 
Vous l’aurez compris, ce sont des livres que j’affectionne particulièrement. Petits et grands, si vous aimez la lecture jeunesse fraîche, pas trop cucul et sans prise de tête, je vous conseille d’aller y jeter un oeil ou deux. 
Karen McCombie
Milan


Journal d'une Princesse de Meg Cabot

4ème de couv' : À quatorze ans, bientôt quinze, Mia est une collégienne new-yorkaise comme les autres. Elle a une meilleure copine, est amoureuse en secret du plus beau garçon de l'école, déteste les maths et tient son journal où elle raconte tout. Mais le jour où elle apprend que son père, qui vit en Europe, est en réalité le prince de Genovia, une petite principauté au bord de la Méditerranée, les choses se gâtent... Voilà Mia princesse héritière! Et ça ne lui plaît pas du tout...



































On ne présente certainement plus la série qui, partiellement adaptée au cinéma, a contribué à révéler Anne Hathaway qui deviendra la Andy Sachs du Diable s’habille en Prada. 
Pour le Journal d’une Princesse, on prend plus ou moins les mêmes ingrédients que le Monde d’Ally qu’on épice de glamour. New-York, princesse et robes qui vont avec, paparazzi, bals et galas… L’univers de cette série ressemble au rêve de toutes les jeunes filles… sauf de Mia. Elle est végétarienne, engagée dans les causes écologiques et préfère ses Docs Martens aux escarpins à talons aiguilles. Tout le sel de l’histoire réside évidemment dans le décalage entre les deux mondes. 
Outre les paillettes (néanmoins divertissantes), le Journal d’une Princesse est différent de ce qui se fait (ou du moins se faisait à l’époque), dans le sens où il ouvre une porte sur la politique et prend des positions assumées sur certaines questions (l’écologie, la royauté, les protocoles obsolètes, la jeunesse dorée et/ou engagée, etc.). De nos jours, et surtout avec les dystopies, les romans jeunesses sont plus enclins à porter des regards sur nos sociétés d’aujourd’hui et surtout leurs dérives potentielles futures. À l’époque, j’ai l’impression que c’était plus rare, du moins d’une façon aussi contemporaine et réaliste. Harry Potter a, après tout, été de nombreuses fois analysé sous le prisme politique et critique, mais tout cela était transposé à un autre univers. La série de Meg Cabot offre des premières clés (même si elles peuvent être parfois maladroites ou grossières) de compréhension de notre présent politique pour de jeunes ados.
Malgré tous mes bons sentiments pour ces bouquins, je ne suis toujours pas arrivée au bout des dix tomes que compte cette série. Principalement parce qu’à l’âge où je les ai lus, seuls les 5 ou 6 premiers étaient sortis. L’autre raison c’est parce que j’ai le sentiment que les derniers tomes sont moins bons. Par conscience blogosionnelle,  terminer cette série fait tout de même partie de mes projets. Mais je ne m’y précipite pas si vous voulez.

Journal d'une Princesse
Meg Cabot 
Le Livre de Poche Jeunesse


Avouez que vous avez craqué pour ces couvertures tellement jolies et élégantes de la décennie précédente? Je suis navrée pour les illustrateurs et illustratrices de l'époque, mais c'était pas la folie les gars!
Ce sera tout pour cette fois! Je vous laisse, je vais écouter la Tchouk Tchouk Musik ;-)

xoxo
Lily

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