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Entre Harry Potter et Severus Rogue, la haine et la détestation de l’autre ont occulté tous les autres aspects de leur relation. Ceux-ci, trop souvent ignorés, montrent pourtant que les liens qui les unissent sont plus complexes qu’ils n’y paraissent.
ENFANCE MIROIR
Lorsqu’on relit « Le Récit du Prince », chapitre 33 des Reliques de la Mort, on s’aperçoit que les deux personnages possèdent un certain nombre de points communs. Tous les deux ont grandi dans un environnement malsain et abusif : Harry chez les Dursley, Rogue chez ses parents qui se disputaient sans cesse et dont le père était manifestement violent. Tous les deux ont trouvé dans leur arrivée à Poudlard une sorte d’échappatoire, et tous les deux adorent la magie. Lorsqu’ils sont enfants, ils sont également physiquement décrits de manière similaire. Harry n’est pas très grand, plutôt mince, portant les vêtements trop grands de Dudley et avec des cheveux poussent dans tous les sens. Au même âge Rogue est décrit comme « maigre », « filiforme » avec des « cheveux mal coupés et des vêtements bizarres ». Ils sont donc moins différents qu'ils en ont l'air. Voyons si on peut aller jusqu'à dire qu'ils se ressemblent.
SIMILAIRES SUR L'ESSENTIEL ?
À l’âge adulte, ils semblent en revanche être devenus complètement différents mais se rejoignent sur un point, que je trouve vraiment primordial dans la définition de la personnalité des gens : le choix de la Relique. Même si les livres n’en parlent pas spécifiquement, la plus important aux yeux de Rogue ne ferait pas de mystère : il choisirait la Pierre de Résurrection. Dans la théorie sur le symbolisme du Conte des Trois Frères de Beedle le Barde, Rogue est supposé représenter le deuxième frère, celui qui est « un homme arrogant, enclin à l’humiliation ». Dans cette même théorie, on associe souvent Voldemort (ou Dumbledore) au première frère, et Harry au troisième parce qu’il possède la cape d’invisibilité et qu’il est de toute façon le descendant d’Ignotus (c’est le prénom du troisième frère Peverell). Mais cette interprétation me semble incomplète. Parce que ce sont des personnes décédées que Harry voit dans le Miroir du Risèd et surtout, parce que la Pierre de Résurrection est le choix spontané qu’il fait lorsqu’il apprend le contenu de la légende.
« -Je crois que tu as raison, lui dit-elle. C’est juste un conte moral, on voit tout de suite quelle est le meilleur cadeau, celui qu’on devrait choisir…
Tous trois parlèrent en même temps, Hermione dit :
-La cape.
Ron :
-La baguette.
Harry :
-La pierre ».
- Harry Potter et les Reliques de la Mort (Chapitre 21, « Le Conte des Trois Frères »)
D'autant que, s'ils devaient choisir une personne à ramener, il y a de grandes chances pour que Harry et Rogue choisissent la même personne : Lily. Ce qui rapproche Harry et Rogue bien plus que l’un et l’autre ne voudraient sûrement l’avouer.
Cette nouvelle perspective de considération m’a amenée à m’interroger sur la nature de leur relation, s’ils s’étaient rencontrés dans des circonstances différentes : lorsque Rogue était encore un être humain qui n’avait pas été rendu amer par des années d’affrontements avec James Potter et été brisé par les trois pertes de l’amour de sa vie (quand Lily a cessé d’être amie avec lui, quand elle a épousé James et quand elle est morte) et dans une situation où Harry n’aurait pas eu d’a priori sur lui par exemple. Parce qu’en réalité, Harry apprécie beaucoup la compagnie de Rogue... quand il ne sait pas qu’il est avec Rogue.
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| Art by Lia Batman |
LES MOMENTS PENDANT LESQUELS HARRY A AIMÉ ROGUE (oui, oui.)
Le premier exemple flagrant de cette réalité qui peut paraitre saugrenue se trouve dans la storyline du Prince de Sang-Mêlé. Lorsqu’il récupère l’ancien manuel de potions de Rogue sans savoir qu’il est à lui, Harry tisse un lien particulier avec l’auteur des notes griffonnées dans les marges de son livre, jusqu’à refuser de croire qu’un élève si brillant et l’ayant tant aidé puisse avoir de mauvaises intentions - malgré la violence du sort Sectumsempra par exemple. Il va même jusqu’à espérer que le Prince de Sang-Mêlé puisse être son père (ou Sirius ou Lupin) avant d’être déçu lorsque Remus Lupin lui indique que c’est peu probable. Le deuxième exemple qui me semble important intervient au moment où Harry rencontre le patronus de Rogue, sans savoir que c’est le sien. Il est intéressant de s’intéresser à ce que ressent Harry lorsqu’il voit et suit cette biche.
« Harry observa la créature, émerveillé non pas par son étrangeté mais par son inexplicable familiarité. Il avait le sentiment d’avoir attendu sa venue mais de l’avoir oubliée jusqu’à cet instant où ils pouvaient enfin se rencontrer. (…) La présence de la biche avait signifié pour lui la sécurité. » - Harry Potter et les Reliques de la Mort (Chapitre 19, « La Biche argentée »)
Bien sûr, le patronus étant créé à partir des souvenirs de Lily, ce sentiment de familiarité et de protection est surtout dû au lien entre le sortilège et sa mère. Se contenter de cette explication unique serait cependant occulter un autre partie importante de ce sortilège : le lien avec celui qui le lance. La personnalité du lanceur influence la patronus dans sa forme et sans doute aussi dans ce qu’il dégage. Chez les Animagi, il prend la même forme que leur métamorphose. On peut supposer que celui de Ron est un chien en lien avec son rôle d’ami fidèle (même s’il fait des erreurs), et celui de Dumbledore un phénix en raison de son grand pouvoir et de son lien avec Fumseck. Ma théorie est qu’une part de Rogue - la bonne - fait sentir Harry en sécurité et on verra par la suite et dans un chapitre suivant que ce n’est pas totalement absurde.
LA VÉRITÉ AU CENTRE DE LA RELATION
Si on observe les relations que Harry a nouées pendant 7 ans avec les adultes qui l'ont entouré, on ne peut pas dire qu’elles aient beaucoup reposé sur l’honnêteté. Dumbledore est évidemment en tête de liste mais on peut aussi viser les Dursley durant toute son enfance et aussi la majorité des membres de l’Ordre du Phénix qui a un peu de mal à informer Harry que, si Sirius Black s’est échappé d’Azkaban, c’est pour le tuer (du moins, le croient-ils), qu’il fait l’objet d’une prophétie, que celle-ci se trouve au département des mystères et qu’elle est le point de départ de tout ce qui arrive à Harry. Sous couvert de le protéger ou de le laisser grandir le plus normalement possible, on cache en réalité souvent la vérité à Harry Potter. Rogue évidemment, dissimule aussi des choses. Je ne parle pas de ses sentiments pour Lily qui, au fond, ne regarde que lui, mais surtout du fait qu’il soit l’espion qui ait appris à Voldemort l’existence de la prophétie. Malgré cela, dans la vie de Harry Potter, Severus Rogue est souvent celui qui apporte la vérité. Sur ce point, le premier cours d'occlumancie est particulièrement parlant - notamment lorsque Harry interroge Rogue à propos de son étrange connexion avec Voldemort.
« Mais Harry se moquait bien de la colère de Rogue. Au moins, il abordait enfin le fond de la question. » - Harry Potter et l'Ordre du Phénix (Chapitre 24, « Occlumancie »)
De même, le chapitre faisant suite au « Récit du Prince » dans Les Reliques de la Mort commence par la formulation « Enfin, la vérité ». Plus anecdotique et moins important, Rogue est le seul à essayer de faire comprendre à Harry que James a été un arrogant petit prétentieux qui n’hésitait pas à martyriser ses camarades pendant une bonne partie de sa vie. Eh oui James étant mort à 21 ans et ayant été insupportable au minimum entre entre 11 et 17 ans, il n’a pas été la formidable personne décrite par tout le monde pendant au moins un bon tiers de sa vie. D’accord, d’accord, Rogue ne dit pas la vérité pour faire plaisir à Harry et ses intentions sont rarement louables, il n’empêche que dans une relation, la franchise et la sincérité sont souvent des bases plus solides que des mensonges par omission, fussent-ils utilisés sous couvert de bons sentiments.
J’ai pensé que mettre en évidence ce qui avait souvent été occulté par la haine dans la relation entre Harry et Rogue complétait de manière intéressante la décision prise par le premier de pardonner le second en prénommant son fils Severus - puisqu’elle semble toujours absurde aux yeux de certaines personnes.
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Les chapitres suivants seront répertoriés dans l'article d'Introduction & Sommaire au fur et à mesure de leur publication.
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Lily
Lily
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