On dit merci qui?
Merci Bibi !
Dirigez-vous vers votre
bibliothèque, cherchez-y un livre un peu abimé, passablement corné,
peut-être déjà relu une ou deux fois et tâché de thé. Si, si,
regardez, il y a encore une ou deux fibres de plaid duveteux, coincés
entre les pages.
Là, vous l'avez? Vérifier
le titre... Le Diable s'habille en Prada, exactement. Je sais,
vous l'avez déjà lu, vous avez vu le film deux fois et vous avez
ensuite envisagé de lancer votre propre magazine de mode/marque de
fringues/rayez la mention inutile. Faites-moi confiance, il se peut
qu'à l'époque, vous soyez passé(e)s à côté de quelque chose.
Dans Le Diable
s'habille en Prada, on a fantasmé sur les fringues et les
accessoires ainsi que les chevelures interminablement miroitantes.
On s'est dit que le milieu
nous tenterait bien, si on était plus grande et plus mince, plus
jolie et si les collègues étaient un peu moins des langues de
putes. Sans cette salope psychopathe de Miranda Priestly évidemment
aussi, avant de se rendre compte qu'il n'y aurait pas de Runway (ou
Vogue) sans une Miranda Priestly (ou Anna Wintour). Entre temps on a
de toute façon trouvé ça tout à fait normal et légitime –
jusqu'à sexy même – sur Christian Grey, et peut-être qu'on
ferait bien de cesser d'être des vipères pétassement misogynes,
l'espace de quelques secondes de ce XXIème siècle revendiqué
résolument moderne.
Néanmoins, si vous, les chéris, poursuivez réellement le rêve de travailler dans le milieu de la mode et notamment dans la presse, il est de bon ton de ne pas prendre Le Diable s'habille en Prada comme unique référence. Dans la forme, cela reste une oeuvre de fiction, dont les traits ont été forcés pour le bien du roman. Pour apprécier en la lecture, je l'ai toujours abordé comme un divertissement, plutôt qu'un témoignage au premier degré.
Néanmoins, si vous, les chéris, poursuivez réellement le rêve de travailler dans le milieu de la mode et notamment dans la presse, il est de bon ton de ne pas prendre Le Diable s'habille en Prada comme unique référence. Dans la forme, cela reste une oeuvre de fiction, dont les traits ont été forcés pour le bien du roman. Pour apprécier en la lecture, je l'ai toujours abordé comme un divertissement, plutôt qu'un témoignage au premier degré.
Dans le fond, pour se détacher de la
superficialité supposément évidente de l'histoire (de laquelle je
me désolidarise complètement, ne trouvant pas plus de futilité
dans la mode que dans tout le reste ne relevant pas de la survie
primaire), chacun y était allé de sa petite analyse de l'apologie
de la tyrannie au travail, tous – évidemment – s'incarnant dans
un écho de la victime malheureuse mais consentante qui est écrite en
Andrea Sachs.
A mes yeux, la véritable
violence de ce livre n'a pas le visage de Miranda Priestly, ni même
la férocité du milieu, mais les contours de la rupture abyssale
qu'il existe entre le statut d'étudiant et celui qu'on endosse au
cours de son premier emploi après le diplôme. Parce que j'ai vécu
cette expérience récemment et que j'ai eu envie de relire ce livre
au même moment, cet aspect primordial du récit m'est apparu bien
plus clairement que lors de ma première lecture.
Scolairement, mes années
à l'université ont été les plus enrichissantes et
intellectuellement fertiles. Sans doute beaucoup dans le fond mais
aussi beaucoup dans la forme. Il faut comprendre qu'en tant
qu'étudiant en faculté, on est absolument maître de tout de ce
qu'on fait et de ce qu'on choisit de ne pas faire. Dans les études
que j'ai suivi en sciences sociales, mon avis comptait souvent autant
de celui de l'enseignant même si nos opinions divergeaient
complètement. Dans les travaux que je rendais, ma propre réflexion
primait. Une manière de fonctionner que tout étudiant est obligé
d'abandonner aux pieds de sa première expérience professionnelle.
Peut-être que c'est naïf de ma part de la souligner, mais je trouve
qu'on nous prépare pas assez à cette rupture.
Et c'est exactement dans
cette optique que j'ai relu Le Diable s'habille en Prada.
Alors certes, tous les jeunes actifs qui sortent des écoles ou des
universités ne seront peut-être pas confrontés à une première expérience
aussi compliquée que celle d'Andrea Sachs, mais l'idée est là.
Personne ne l'a prévenue que cela allait être violent. Personne ne
l'a prévenue qu'elle allait apprendre différemment.
Et peut-être qu'aujourd'hui ou demain, vous allez devenir une autre Andrea (avec une pression à la hauteur de l'enjeu que vous visez) et qu'entre un café et un coursier, vous allez vous demander à quoi vous ont servi vos 3 ou 5 années d'études et ce que, globalement, vous foutez dans cette galère. Quand vous repenserez à moi, à mon article sur lequel vous êtes tombés Dieu seul sait comment et que vous avez lu en diagonale, vous pourrez reprendre votre bouquin en vous disant que :
Et peut-être qu'aujourd'hui ou demain, vous allez devenir une autre Andrea (avec une pression à la hauteur de l'enjeu que vous visez) et qu'entre un café et un coursier, vous allez vous demander à quoi vous ont servi vos 3 ou 5 années d'études et ce que, globalement, vous foutez dans cette galère. Quand vous repenserez à moi, à mon article sur lequel vous êtes tombés Dieu seul sait comment et que vous avez lu en diagonale, vous pourrez reprendre votre bouquin en vous disant que :
- Avec un peu de chance, vous avez atterri dans un secteur qui vous plait, contrairement à cette pauvre Andrea qui se retrouve entourée d'articles Chanel et Dolce&Gabbana dont elle n'a rien à carrer. Si vous êtes en revanche dans un secteur qui ne vous branche pas, cassez-vous.
- Vous subissez certainement moins de pression qu'Andrea. Même si votre condition n'est pour l'instant pas terrible, vous n'êtes pas en train de commander le 3ème petit déjeuner destiné à votre patron alors qu'il n'est 9h du matin. Si c'est déjà le 5ème, cassez-vous.
- A la fin, Andrea a évolué, grandi et appris. Vous aussi.Et si ce n'est pas le cas, vous avez tout le reste de votre vie pour y remédier.
Lauren Weisberger
Fleuve Editions (ex-Fleuve Noir) / Pocket
R.J.Cutler
Société de distribution : Diaphana
Sortie : Septembre 2009
86 minutes
A votre tour les chéris de me donner votre avis! Vous avez lu le premier tome? Les deux? Vous les avez aimés?
Fleuve Editions (ex-Fleuve Noir) / Pocket
A noter qu'une suite est désormais disponible :
Vengeance en Prada
Le Retour du Diable
Lauren Weisberger
Fleuve Editions
Je vous signale également (décidément j'aurais pu faire un dossier sur le sujet finalement), l'existence d'un documentaire réalisé par R.J.Cutler sur la rédaction du magazine Vogue US : The September Issue. Je vous parlais de réalisme tout à l'heure, et pour en avoir parlé à quelqu'un du milieu (merci Flo!), une rédaction de mode, ça ressemble d'avantage à cela. Laissés de côtés les paillettes et le glamour à l'excès, on voit mieux apparaître ce qui est véritablement important, quelque soit votre choix de carrière : la passion qui déplace des montagnes.
The September Issue
R.J.Cutler
Société de distribution : Diaphana
Sortie : Septembre 2009
86 minutes
A votre tour les chéris de me donner votre avis! Vous avez lu le premier tome? Les deux? Vous les avez aimés?
Je vous ai donné envie de le lire? Je vous ai dégoûtés?
T'es pas stagiaire donc t'en as rien à secouer?
Vous préférez le docu?
Vous préférez le docu?
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