samedi 5 avril 2014

[Je balance en Vrac] Où se côtoient John Connolly, Hunger Games, Honoré de Balzac, Stromae, Stefan aus dem Siepen et Jena Lee?

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Hello mes chéris !

J'aime bien les articles en vrac, je peux vous parler et vous raconter ma vie en introduction.
Je vais pas vous mentir. Premièrement, au moment où j'écris ces lignes, j'ai aucune idée de la mise en page que va prendre cet article. Dans cette rubrique, je suis censée revenir brièvement sur plusieurs lectures. Autant dire que j'ai encore du mal avec la notion de brièveté. Et deuxièmement, j'ai l'impression que l'entièreté de cet article est un peu rasoir. 

Je teste la stratégie de l'anti-teasing. Je vous dis que c'est médiocre, votre curiosité malsaine vous pousse à continuer de lire pour vérifier que c'est vrai et au final vous avez lu mon article ;-).


On va bien voir si ça fonctionne.

Je vous disais dans la première édition du «Je balance en Vrac» que même si ce n'était pas le but de la rubrique d'être à ''thème'', j'allais bien me débrouiller pour en trouver un à chaque édition. 
C'est l'absurde qui a revêtu différents aspects dans les trois lectures que je vous présente aujourd'hui. Obsessionnel ou fantastique, s'il est au final aussi présent dans ces lectures c'est sans doute parce qu'il a envahi nos vies.



La Corde Stefan aus dem Siepen
4ème de couv' : Les habitants d'un village situé à l'orée d'une immense forêt mènent une vie simple, rythmée par les saisons. Un jour, l'un d'eux découvre dans un champ une corde qui s'enfonce dans les bois. Comment est-elle apparue? Où mène-t-elle? Délaissant leurs familles, les hommes décident de la suivre. D'abord accueillante, la forêt devient peu à peu menaçante, hostile. Les villageois s'obstinent pourtant, quitte à manquer le début de la récolte et à courir au-devant du danger... Comment l'irruption de l'inattendu au sein d'une société bien réglée parvient-elle à en perturber l'équilibre? Récit d'une quête absurde, ce conte baigné de romantisme sombre offre une réflexion sur les passions humaines.

  • La Corde - Stefan aus dem Siepen

Encore une fois, j'ai l'impression de ne pas avoir lu le même livre que les journalistes cités en quatrième de couverture. 
Il y est dit que La Corde est un livre sur les obsessions qui habitent les hommes. Je dis que... pas seulement. 
En premier lieu, j'y ajoute les dangers qu'encourent ceux qui vivent en autarcie, repliés sur eux-mêmes. Sans ouverture culturelle, intellectuelle ou humaine, rien ne les arme à la première intrusion dans leurs vies. 
Ensuite, il y a l'ascendant de ceux qui possèdent justement à la fois la culture et le don de l'orateur. Et sans être une question d'idéologie ou d'opinion politique, quand on sait choisir les bons mots et les bonnes manières de vendre ses idées, on peut faire changer d'avis tout un groupe, mener un escadron d'hommes dans une quête qui n'a de cesse d'être plus absurde, ou détruire un village.
La lecture de La Corde sera peut être le moment de vous interroger sur les personnes qui vous entourent, qu'elles vous soient proches ou non. Sont-elles là pour vous conseiller, vous encourager ou... vous manipuler? 
C'est un livre qu'on m'avait un peu sur-vendu. Pour moi, il ressemble davantage au point de départ d'une réflexion, d'un questionnement qu'à un véritable roman avec un début et une fin. C'est presque un conte en fait, un conte pour adultes. La Corde a le mérite de m'avoir intéressée, moins de m'avoir convaincue.  
Écriture

Le Chef d'oeuvre inconnu Balzac
4ème de couv' (sur mon édition «Étonnants Classiques» GF Flammarion) : Depuis dix ans déjà, le grand peintre Frenhofer travaille à un portrait de femme qu'il refuse de montrer : il n'a pas trouvé le modèle qui lui inspirerait la perfection à laquelle il souhaite parvenir. Vivement intrigué, Nicolas Poussin se présente un jour chez lui, accompagné d'une jeune femme à la beauté parfaite. En livrant ainsi celle qu'il aime, il espère pouvoir contempler le travail du maître. Mais quelle n'est pas sa surprise en découvrant la mystérieuse toile!

  • Le Chef-d'œuvre inconnu - Honoré de Balzac

Si vous vous demandez encore pourquoi les classiques? Je n'ai qu'une réponse : parce qu'au milieu de la deuxième page, j'avais déjà eu envie de citer la moitié du texte tellement c'est sublime. 
Le Chef-d'œuvre inconnu est à mon sens – et comme son titre peut l'indiquer – un récit à destination des artistes (pour tout ceux qui créent évidemment, même si t'as pas d'Oscar tu peux rester). Si les amateurs d'art en saisiront le fond et les enjeux, peu comprendront pleinement le besoin viscéral d'atteindre la perfection que connaissent les créateurs quelle que soit leur matière première et souvent, quel que soit leur niveau. Et que c'est cette même quête impossible qui, poursuivie trop méticuleusement, détruit souvent l'art et l'artiste. 
Le Chef-d'œuvre inconnu nourrit et questionne de nombreuses facettes de l'art, notamment pictural. Et peut-être alors 'La Belle Noiseuse' (tableau central du récit) que Porbus et Poussin qualifient de «rien» n'est simplement qu'en avance sur son temps, une œuvre avant-gardiste ne répondant qu'aux codes de courants artistiques qui nous sont plus contemporains (que je ne pourrais citer ici, compte tenu de ma piètre connaissance en courants picturaux). Qui sait, si on ne découvrira pas un jour que Jena Lee est la Stromae de demain. 
Vous avez tous oublié qui est Jena Lee, je sais.
La subjectivité de l'art, l'inutilité de ceux qui tentent de le critiquer (et de moi donc, à mon petit niveau), tout ça, tout ça. 
En quelques phrases, Balzac dessine également les contours de la folie qui anime les passionnés fanatiques et les amènent aux comportements extrêmes : le secret et l'enfermement pendant une décennie, le sacrifice de l'amour pour le privilège ultime auprès de son maître (ou de son idole) ou les tragiques finalités qu’entraîne la déception abyssale ressentie après l'incommensurable amour consumant. 
Et franchement, est-il vraiment plus noble de sacrifier l'amour de la femme qu'on aime pour une toile que d'offrir une partie de son temps et des loisirs à son chanteur préféré? 
On pourra retenir, en guise de morale, de ne pas juger les passions des autres. Surtout quand on est soi-même passionné par rien du tout. Bouh bouh que la honte soit sur vous.
Le Chef-d'œuvre inconnu, ce n'est peut-être pas un page-turner ou votre Hunger Games de 1835, mais il y est dit beaucoup de choses en très peu de pages. Rapport qualité/poids/prix au top ma p'tite dame, emballé c'est pesé pour 1,43€ (aux éditions Le Livre de Poche, pour ce prix).
Et dans tout plein d'autres maisons d'éditions. 


Les Portes John Connolly
4ème de couv' : Samuel a 11 ans et c'est un petit génie. Quelques jours avant Halloween, il se déguise en fantôme et va frapper aux portes des maisons de son quartier. S'il passe le premier, il va rafler tous les bonbons! Malin, non? Mais ses nouveaux voisins, les affreux Abernathy du 666 Crowley Avenue, l'envoient méchamment bouler. Dépité, Samuel s'assied sur le muret de leur jardin. Et c'est alors qu'une lueur bleu s'échappe d'un soupirail de leur cave.... Samuel n'en croit pas ses yeux. Les Abernathy se livrent à une expérience satanique. Le 666, au fait, ne serait-ce pas le chiffre du diable? Et ne viennent-ils pas de réussir à ouvrir les portes de l'Enfer? Bien entendu, personne ne veut croire Samuel quand il parle de crânes volants ou d'un monstre avaleur de chaussettes. Heureusement pour contrer le Mal Suprême, il va pouvoir compter sur son chien Boswell et sur Nouillh, un démon un peu trouillard mais franchement rigolo.

  • Les Portes - John Connolly

Un nouvel exemple pour le style du roman fantastique, qu'on retrouve notamment au début du premier tome d'Harry Potter ou de Narnia. Le quotidien «normal» y est décrit avec un tel luxe de détails et une telle mise en lumière de l'absurdité de nos actions que la perception s'inverse : tout le fantastique devient logique et le monde tel qu'on le connait se transforme en un univers étrange peuplé de créatures bizarres (les adultes, en général). 
On plonge pleinement dans l'absurde, à tous les niveaux. Dans l'humour, dans l'illogique évidence et dans le petit canard qui fait coin-coin (ayant pris des notes au fur et à mesure de ma lecture, je ne sais plus du tout à quoi le canard fait référence. C'est sûrement qu'une mauvaise vanne de ma part. Je suis un peu obligée d'être à la hauteur du nom de mon blog, que voulez-vous).
Le tout est drôle parce que plutôt inattendu : le contenu de l'enfer ne se révèle pas réellement conforme à ce qu'on pouvait imaginé et tout ne se passe pas comme prévu. Sans surprise cependant, face aux adultes, les enfants font preuve de beaucoup plus de courage et d'ingéniosité. Certainement pour faire plaisir au lectorat, qui se situe globalement autour du portrait robot d'un physicien de 11 ans et demi (ou d'une docteur en astro-chimie quantique de 27 ans. C'est le portrait robot de ma sœur, qui a lu et grandement apprécié.)
Du fait de la cible (principale au moins, celle qui a 11 ans et aucun doctorat), le roman se lit facilement... sans pour autant être écrit facilement, ce qui est plutôt agréable si vous avez passé 12 ans ou plus de deux livres à votre actif. 
J'ai découvert à la fin que je venais de lire le premier tome d'une trilogie, le dénouement ouvrant peu subtilement sur une suite (Les Cloches de l'Enfer, également disponible chez l'Archipel). J'ai pour habitude d'aller au bout des sagas lorsque je les commence mais, dans ce cas précis, un seul opus m'ayant déjà paru un peu trop long, je ne suis pas spécialement emballée pour une suite. D'autant que si on oublie les quelques dernières pages,  Les Portes se suffisent plutôt bien à elles-mêmes.
L'Archipel


Comme le disclaimer est le mot d'ordre de la blogueuse, je vais me permettre une petite mise au point. Je «balance en vrac» des livres complètement différents qui, je crois, ne peuvent se côtoyer que chez moi. Quand Balzac succède à une nouvelle de 2014 et précède un roman fantastique aussi édité pour les enfants. Chacun existe à son niveau et cela contribue à ma conception de la littérature. Je suis pas du tout pour les Lettres élitistes qui excluent le populaire, ni pour le culte du roman de gare non plus. Chaque livre est une brique qui participe à la construction de cet univers des mots.


Cités dans cet article :

La Corde
Stefan aus dem Siepen
Ecriture
(2014)
Balzac
(1831)
John Connolly
L'Archipel
(2010)
Les Cloches de l'Enfer
John Connolly
L'Archipel
(2012)
Suzanne Collins
Pocket Jeunesse
(2008)
+ Stromae et 
Jena Lee ;-)


Et vous mes chéris, avez-vous lu un de ces livres?
Je vous ai dégoûté ou donné envie? 
Une autre lecture absurde (ou une chanson de Jena Lee) vous a-t-elle marqué?

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