Vous le savez maintenant, quand je sors un doss, je ne le sors pas à moitié. Si vous avez envie de vous préparer une boisson froide (ou chaude si ce dimanche appartient à la moitié automnale du mois de juillet), de faire une expédition jusqu’à votre cuisine pour vous ravitailler en snacks, ou d’aller aux toilettes, c’est le moment!
Ne vous inquiétez pas,
Tatie Lily vous attend pour commencer ses divagations, promis.
L’autre jour, en
feuilletant le magazine Marianne au travail (ne rigolez pas, la
veille informationnelle fait aussi partie de mon job!), je suis
tombée sur un article de Antoine Louvard, titré “Séries télé,
du sofa aux amphis” et sa lecture m’a donnée envie de venir en
parler ici. Bien que le papier évoque principalement les séries américaines, ce que je trouve plutôt dommage compte tenu de la qualité de ce qui se fait aussi ailleurs, il illustre parfaitement ce dont j’essaye de convaincre
le monde entier depuis toujours (au moins) sur la place des séries
télévisées dans nos milieux culturels et dans nos sociétés. Je
me suis donc très arbitrairement dit que c’était une bonne excuse
pour tenter de diffuser à nouveau ma propagande.
Souvent, lorsqu’on me
parle de cinéma et qu’on me demande les films que je préfère,
j’ai tendance à répondre : “Je suis plus séries TV que
cinéma.”, comme si c’était deux teams distinctes et qu’on
n’appartenait qu’à l’une des deux. Dans le fond, je sais bien qu’on peut aimer l’un ou l’autre, l’un et l’autre
ou aucun des deux sans être aussi exclusif. Pourtant, j’ai
l’impression que ce sentiment n’est pas si absurde. Même si vous
appréciez les deux, vous penchez certainement plus pour les séries
ou plus pour le cinéma (et si vous lisez régulièrement mon blog,
j’espère pour vous que vous êtes plus “sériphile” que
cinéphile ou vous risquez de rapidement vous ennuyer ;-)). Films et
séries parleraient donc, à mon sens, différemment ou, du moins,
toucheraient des sensibilités, des cultures (que ce soit différentes
cultures de pays ou d’âges par exemple) différentes.
La frontière entre ces
deux genres audio-visuels est pourtant très ténue. Les deux
disciplines sont loin d’être étanches l’une de l’autre. Ne
sont pas rares les séries dérivées en films (Sex and the City,
Veronica Mars,...), les films adaptés en séries (Stargate,...) ou
les séries et les films inspirés d’œuvres venues du même
domaine, la littérature (Largo Winch,...).
Vous remarquerez quand
même (!) que tout se tient dans mon schmilblick et qu’on finit
toujours par revenir aux livres, d’une façon ou d’une autre.
Et pour pousser plus loin
ses allers-retours d’adaptation entre séries, films et
littérature, on observe beaucoup de films (souvent basés sur des
livres, okay.) qui se comportent de plus en plus comme des séries
TV. Les sagas se déclinent en plusieurs épisodes, en plusieurs
films, dont le découpage n’est pas sans rappeler celui des saisons
des séries (l’action d’une saison se déroule souvent sur une
année = un épisode d’une saga cinématographique se déroule
également sur une année (comme dans Harry Potter)). On suit ainsi la croissance et l'évolution des personnages de la même façon que dans une série.
Vous allez me dire c’est
très bien tout ça, mais et alors? Les séries fonctionnent plus ou
moins comme les films c’est intéressant mais tout de même, il n’y
a peut-être pas de quoi en fouetter trois canards
(#LesExpressionsDeLily). Ca reste deux matériaux audio-visuels,
c’est certainement normal d’y trouver des similitudes de forme.
Là où cela devient pertinent à mon sens, c’est dans leurs
ressemblances (ou dans leurs différences, selon les points de vue)
de fond.
Même si ça n’a
peut-être pas toujours été le cas, je crois que le cinéma
bénéficie aujourd’hui d’une image plutôt noble. Glamour grâce
aux festivals, intellectualisée par le cinéma d’auteur jusqu’à
spectaculaire avec la technique des effets spéciaux. On n’accorde
en revanche pas encore (bien que ce soit en train de muter
progressivement) le même crédit à la réputation des séries
télévisées. Face à l’accessibilité (et le populaire parfois
décrié) du cinéma, on trouve la sur-accessibilité de la série
dont le support principal de diffusion reste très logiquement la
télévision (un média auquel on n’attribue pas le
plus grand gage de qualité et dont la tendance n’est à l’évidence
pas en phase de s’inverser (coucou la 509ème saison de Secret
Story!)) ou internet (grand méchant devant l’éternel) avec le
streaming. Et apparemment, la culture qui arrive directement dans le
salon (voir dans la chambre des gens, directement sur leurs écrans
d’ordinateurs), ça rend plutôt septique l’opinion publique et,
sans doute, parfois vous y compris.
J’imagine bien que,
lorsque vous faites la démarche de regarder une série, quelle
qu’elle soit, votre but tend davantage à vous détendre qu’à
faire une étude sociologique, littéraire ou géo-politique (et
heureusement). Pourtant, vous pourriez y prétendre, et ce serait
sacrément utile.
Maman : Encore devant
cette télé/cet ordi?!
Moi (regardant Prison
Break) : Mais non, tu vois bien que je suis en pleine étude
contemporaine et sociologique du milieu carcéral et de la situation
politique aux Etats-Unis.
Parce qu’elles sont en
premier lieu destinées à la télévision, la plupart des séries TV
possèdent une première grille de lecture plutôt simple et
accessible, souvent musclées par un casting (ou une partie de ce
casting) tape à l’œil. Rares en effet sont les séries sans leur
dose de sex appeal. Est-ce que, pour autant, il faut s’arrêter à
cette impression préliminaire et superficielle? A mon sens, ce
serait clairement passer à côté du propos.
L’écriture d’une
(bonne) série télévisée me semble au contraire bien compliquée.
Le niveau de compréhension se découpe en plusieurs strates et
octroie au show beaucoup plus de relief que ce dont il a l’air en
premier lieu. C’est en étant attentif (ou les regardant plus d’une
fois), qu’apparaissent les thématiques politiques, sociales,
économiques ou juridiques et les enjeux plus profonds du scénario
d’une série.
L’écriture est
d’autant plus ardue que s’allonge la série. Et c’est comme ça
qu’on observe nombre de séries se casser les dents en multipliant
les saisons. Parce que la longueur est autant un avantage qu’un
inconvénient. Avantage parce que dans une série on a le temps
d’installer les choses, et c’est principalement le premier
reproche que je fais aux films. On aura beau me raconter l’histoire
la plus intéressante du monde avec les personnages les plus
touchants qui existent, en grosso modo deux heures, je n’ai
vraiment pas le temps de développer la moindre petite parcelle
d’empathie pour ce qu’il se passe sur l’écran. La série, au
contraire, parce qu’elle te donne rendez-vous toutes les semaines
pendant des longs mois et sur plusieurs années, a tout le loisir de
développer son propos. D’une première saison souvent plutôt
simple qui pose le décor de l’histoire, on arrive, au fil du
temps, à explorer les bases mises en place, à creuser et explorer
tout le potentiel d’une idée, d’un sujet. OU ALORS à petit à
petit trop étirer le filon d’un show qui fonctionne à l’audimat
pour finir par proposer une action répétitive ou qui part
littéralement en n’importe quoi (ça c’est quand la longueur
devient un inconvénient).
Cependant, cette
différence de format de temps est à mon avis ce qui parle
d’avantage à ma sensibilité de séries addict. Je ne sais pas si
on peut dire qu’il y a moins de symbolisme dans une série que dans
un film parce que, bien entendu, je n’ai fait aucune statistique à
ce sujet. Mais je me comprends dans le sens où, par le temps dont
elle dispose, la série est moins contrainte à la synthétisation et
aux raccourcis qu’un film qui voudrait exprimer bon nombre de
choses en deux petites heures.
...ce dernier point (oui
c’est le dernier promis!) du symbolisme me semble super mal exprimé
alors qu’il me paraissait l’un des plus important de tout ce
schmilblick, ça me chiffonne!
Tout ça pour dire que,
même si Wikipédia m’assure que la télévision est comprise dans
le 8ème art (avec la radio et la photographie), j’avais comme
l’impression qu’on me rirait un peu au nez si j’essayais de
comparer les séries télévisées aux premiers arts, que sont par
exemple l’architecture ou la sculpture. D’où mon exposé
interminable pour tenter de convaincre ceux qui seraient encore
réticents et encourager les autres à diffuser cette bonne parole
pour qu’un jour les séries dominent le monde!
(Mouhahahah....reum.)
Plus sérieusement,
l’idéal pour moi aurait tout de même au moins été de commencer
mes études supérieures dans une dizaine d’années pour pouvoir
choisir Séries TV en cursus post-bac comme on choisit aujourd’hui
d’étudier le cinéma. Manque de bol (#LesExpressionsDesAnnées90),
le bac commence déjà à dater de quelques années pour moi. Sigh.
Les chéris, je ne vais
évidemment pas vous libérer (parce que je vais vous libérer un
jour, évidemment (dit le prof qui continue à exposer son cours CINQ
MINUTES après la sonnerie alors que c’est l’heure de manger))
sans vous demander votre avis! Parce que le mien est bien joli mais
c’est quand même mieux s’il y a discussion.
Alors dites-moi comment
vous voyez le genre de la série TV en comparaison du cinéma et sa
place dans l’art et la culture?
Mais oui, évidemment que
ça m’intéresse!
Pour aller plus loin :
xoxo
Lily
xoxo
bon moi je suis plus séries tv que cinéma (pour preuve je n'ai jamais vu le seigneur des anneaux ou pirates des caraïbes).
RépondreSupprimerEt oui je pense que les séries vont finir par devenir de l'art au meme titre que le cinéma ou la BD.
Ce que j'aime beaucoup c'est le format de 45 minutes qui permet de ne pas devoir se concentrer trop longtemps mais de pouvoir voir plusieurs fois 45 minutes.
Un film qui te plait au bout de 2h tu dois sortir de l'univers et tu n'y retourneras plus.
Tant dis qu'une série tu peux y retourner
J’ai vu le seigneur des anneaux et plusieurs des pirates des caraïbes et c’est loin d’avoir changé ma vie. Bien que le premier (ou les deux premiers) des pirates des caraïbes soi(en)t plutôt drôle. Puis Jack Sparrow <3.
SupprimerC’est vrai que les films (qui me plaisent du moins) me donnent toujours un goût d’inachevé. Genre… so what? Je trouve ça toujours dommage, parce qu’il y a plein de bonnes idées dans le cinéma, et je trouve toujours que ce n’est pas assez bien exploité. Mais je suppose que je n’ai pas cette sensibilité.