dimanche 27 juillet 2014

[Je sors le Doss'] De l'art de la Série TV (mais duquel alors?)

Hello guys !

Vous le savez maintenant, quand je sors un doss, je ne le sors pas à moitié. Si vous avez envie de vous préparer une boisson froide (ou chaude si ce dimanche appartient à la moitié automnale du mois de juillet), de faire une expédition jusqu’à votre cuisine pour vous ravitailler en snacks, ou d’aller aux toilettes, c’est le moment!

Ne vous inquiétez pas, Tatie Lily vous attend pour commencer ses divagations, promis.


L’autre jour, en feuilletant le magazine Marianne au travail (ne rigolez pas, la veille informationnelle fait aussi partie de mon job!), je suis tombée sur un article de Antoine Louvard, titré “Séries télé, du sofa aux amphis” et sa lecture m’a donnée envie de venir en parler ici. Bien que le papier évoque principalement les séries américaines, ce que je trouve plutôt dommage compte tenu de la qualité de ce qui se fait aussi ailleurs, il illustre parfaitement ce dont j’essaye de convaincre le monde entier depuis toujours (au moins) sur la place des séries télévisées dans nos milieux culturels et dans nos sociétés. Je me suis donc très arbitrairement dit que c’était une bonne excuse pour tenter de diffuser à nouveau ma propagande.


Souvent, lorsqu’on me parle de cinéma et qu’on me demande les films que je préfère, j’ai tendance à répondre : “Je suis plus séries TV que cinéma.”, comme si c’était deux teams distinctes et qu’on n’appartenait qu’à l’une des deux. Dans le fond, je sais bien qu’on peut aimer l’un ou l’autre, l’un et l’autre ou aucun des deux sans être aussi exclusif. Pourtant, j’ai l’impression que ce sentiment n’est pas si absurde. Même si vous appréciez les deux, vous penchez certainement plus pour les séries ou plus pour le cinéma (et si vous lisez régulièrement mon blog, j’espère pour vous que vous êtes plus “sériphile” que cinéphile ou vous risquez de rapidement vous ennuyer ;-)). Films et séries parleraient donc, à mon sens, différemment ou, du moins, toucheraient des sensibilités, des cultures (que ce soit différentes cultures de pays ou d’âges par exemple) différentes.

Veronica Mars Série Film

La frontière entre ces deux genres audio-visuels est pourtant très ténue. Les deux disciplines sont loin d’être étanches l’une de l’autre. Ne sont pas rares les séries dérivées en films (Sex and the City, Veronica Mars,...), les films adaptés en séries (Stargate,...) ou les séries et les films inspirés d’œuvres venues du même domaine, la littérature (Largo Winch,...).
Vous remarquerez quand même (!) que tout se tient dans mon schmilblick et qu’on finit toujours par revenir aux livres, d’une façon ou d’une autre.
Et pour pousser plus loin ses allers-retours d’adaptation entre séries, films et littérature, on observe beaucoup de films (souvent basés sur des livres, okay.) qui se comportent de plus en plus comme des séries TV. Les sagas se déclinent en plusieurs épisodes, en plusieurs films, dont le découpage n’est pas sans rappeler celui des saisons des séries (l’action d’une saison se déroule souvent sur une année = un épisode d’une saga cinématographique se déroule également sur une année (comme dans Harry Potter)). On suit ainsi la croissance et l'évolution des personnages de la même façon que dans une série.

Hermione évolution film

Vous allez me dire c’est très bien tout ça, mais et alors? Les séries fonctionnent plus ou moins comme les films c’est intéressant mais tout de même, il n’y a peut-être pas de quoi en fouetter trois canards (#LesExpressionsDeLily). Ca reste deux matériaux audio-visuels, c’est certainement normal d’y trouver des similitudes de forme. Là où cela devient pertinent à mon sens, c’est dans leurs ressemblances (ou dans leurs différences, selon les points de vue) de fond.

Même si ça n’a peut-être pas toujours été le cas, je crois que le cinéma bénéficie aujourd’hui d’une image plutôt noble. Glamour grâce aux festivals, intellectualisée par le cinéma d’auteur jusqu’à spectaculaire avec la technique des effets spéciaux. On n’accorde en revanche pas encore (bien que ce soit en train de muter progressivement) le même crédit à la réputation des séries télévisées. Face à l’accessibilité (et le populaire parfois décrié) du cinéma, on trouve la sur-accessibilité de la série dont le support principal de diffusion reste très logiquement la télévision (un média auquel on n’attribue pas le plus grand gage de qualité et dont la tendance n’est à l’évidence pas en phase de s’inverser (coucou la 509ème saison de Secret Story!)) ou internet (grand méchant devant l’éternel) avec le streaming. Et apparemment, la culture qui arrive directement dans le salon (voir dans la chambre des gens, directement sur leurs écrans d’ordinateurs), ça rend plutôt septique l’opinion publique et, sans doute, parfois vous y compris.

J’imagine bien que, lorsque vous faites la démarche de regarder une série, quelle qu’elle soit, votre but tend davantage à vous détendre qu’à faire une étude sociologique, littéraire ou géo-politique (et heureusement). Pourtant, vous pourriez y prétendre, et ce serait sacrément utile.

Maman : Encore devant cette télé/cet ordi?!
Moi (regardant Prison Break) : Mais non, tu vois bien que je suis en pleine étude contemporaine et sociologique du milieu carcéral et de la situation politique aux Etats-Unis.

Prison Break

Parce qu’elles sont en premier lieu destinées à la télévision, la plupart des séries TV possèdent une première grille de lecture plutôt simple et accessible, souvent musclées par un casting (ou une partie de ce casting) tape à l’œil. Rares en effet sont les séries sans leur dose de sex appeal. Est-ce que, pour autant, il faut s’arrêter à cette impression préliminaire et superficielle? A mon sens, ce serait clairement passer à côté du propos.

L’écriture d’une (bonne) série télévisée me semble au contraire bien compliquée. Le niveau de compréhension se découpe en plusieurs strates et octroie au show beaucoup plus de relief que ce dont il a l’air en premier lieu. C’est en étant attentif (ou les regardant plus d’une fois), qu’apparaissent les thématiques politiques, sociales, économiques ou juridiques et les enjeux plus profonds du scénario d’une série.

L’écriture est d’autant plus ardue que s’allonge la série. Et c’est comme ça qu’on observe nombre de séries se casser les dents en multipliant les saisons. Parce que la longueur est autant un avantage qu’un inconvénient. Avantage parce que dans une série on a le temps d’installer les choses, et c’est principalement le premier reproche que je fais aux films. On aura beau me raconter l’histoire la plus intéressante du monde avec les personnages les plus touchants qui existent, en grosso modo deux heures, je n’ai vraiment pas le temps de développer la moindre petite parcelle d’empathie pour ce qu’il se passe sur l’écran. La série, au contraire, parce qu’elle te donne rendez-vous toutes les semaines pendant des longs mois et sur plusieurs années, a tout le loisir de développer son propos. D’une première saison souvent plutôt simple qui pose le décor de l’histoire, on arrive, au fil du temps, à explorer les bases mises en place, à creuser et explorer tout le potentiel d’une idée, d’un sujet. OU ALORS à petit à petit trop étirer le filon d’un show qui fonctionne à l’audimat pour finir par proposer une action répétitive ou qui part littéralement en n’importe quoi (ça c’est quand la longueur devient un inconvénient).

Cependant, cette différence de format de temps est à mon avis ce qui parle d’avantage à ma sensibilité de séries addict. Je ne sais pas si on peut dire qu’il y a moins de symbolisme dans une série que dans un film parce que, bien entendu, je n’ai fait aucune statistique à ce sujet. Mais je me comprends dans le sens où, par le temps dont elle dispose, la série est moins contrainte à la synthétisation et aux raccourcis qu’un film qui voudrait exprimer bon nombre de choses en deux petites heures.
...ce dernier point (oui c’est le dernier promis!) du symbolisme me semble super mal exprimé alors qu’il me paraissait l’un des plus important de tout ce schmilblick, ça me chiffonne!


Tout ça pour dire que, même si Wikipédia m’assure que la télévision est comprise dans le 8ème art (avec la radio et la photographie), j’avais comme l’impression qu’on me rirait un peu au nez si j’essayais de comparer les séries télévisées aux premiers arts, que sont par exemple l’architecture ou la sculpture. D’où mon exposé interminable pour tenter de convaincre ceux qui seraient encore réticents et encourager les autres à diffuser cette bonne parole pour qu’un jour les séries dominent le monde! (Mouhahahah....reum.)

Plus sérieusement, l’idéal pour moi aurait tout de même au moins été de commencer mes études supérieures dans une dizaine d’années pour pouvoir choisir Séries TV en cursus post-bac comme on choisit aujourd’hui d’étudier le cinéma. Manque de bol (#LesExpressionsDesAnnées90), le bac commence déjà à dater de quelques années pour moi. Sigh.

Les chéris, je ne vais évidemment pas vous libérer (parce que je vais vous libérer un jour, évidemment (dit le prof qui continue à exposer son cours CINQ MINUTES après la sonnerie alors que c’est l’heure de manger)) sans vous demander votre avis! Parce que le mien est bien joli mais c’est quand même mieux s’il y a discussion.

Alors dites-moi comment vous voyez le genre de la série TV en comparaison du cinéma et sa place dans l’art et la culture?
Mais oui, évidemment que ça m’intéresse!

Pour aller plus loin :

François Jost
(2011)
CNRS Editions

xoxo
Lily

2 commentaires:

  1. bon moi je suis plus séries tv que cinéma (pour preuve je n'ai jamais vu le seigneur des anneaux ou pirates des caraïbes).
    Et oui je pense que les séries vont finir par devenir de l'art au meme titre que le cinéma ou la BD.
    Ce que j'aime beaucoup c'est le format de 45 minutes qui permet de ne pas devoir se concentrer trop longtemps mais de pouvoir voir plusieurs fois 45 minutes.
    Un film qui te plait au bout de 2h tu dois sortir de l'univers et tu n'y retourneras plus.
    Tant dis qu'une série tu peux y retourner

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    1. J’ai vu le seigneur des anneaux et plusieurs des pirates des caraïbes et c’est loin d’avoir changé ma vie. Bien que le premier (ou les deux premiers) des pirates des caraïbes soi(en)t plutôt drôle. Puis Jack Sparrow <3.

      C’est vrai que les films (qui me plaisent du moins) me donnent toujours un goût d’inachevé. Genre… so what? Je trouve ça toujours dommage, parce qu’il y a plein de bonnes idées dans le cinéma, et je trouve toujours que ce n’est pas assez bien exploité. Mais je suppose que je n’ai pas cette sensibilité.

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