dimanche 13 septembre 2015

[Vis ma vie de Potterhead] Mon Potter Journal & Analyse de La Coupe de Feu

Harry Potter bougie candles

Potter Diary Journal TPMBouquins

Depuis ma première lecture de Harry Potter, La Coupe de Feu a toujours marqué un tournant
dans la saga. D'abord, c'est le dernier tome que j'ai eu en format poche, ce qui signifie que j'ai dû attendre (LONGUEMENT) les sorties des tomes suivants. Ce qui ne vous intéresse probablement pas mais qui constitue un véritable traumatisme d'enfance duquel j'essaye toujours de me relever. En témoigne le piètre état des quatre premiers opus de la saga.

Harry Potter Gallimard Jeunesse Folio Junior
Ne vous fiez pas à l'aspect flamboyant du tome 3, mon exemplaire a été perdu il y a peu de temps (à mon grand désespoir). Et donc racheté. Ce n'est même plus le même logo sur le bas du dos. Snif.


Au delà de mes petits soucis personnels, le quatrième tome marque évidemment la retour de Voldemort : le moment où tout le monde s'est dit "ça y est, les choses sérieuses commencent", où les morts s'invitent et où une deuxième saga s'ouvre au coeur même de la première. 

Tout cela, on le savait. 

Ma dernière relecture m'a permis de noter d'autres tournants, à toutes sortes de niveaux. Parce que j'ai trouvé tout cela extrêmement intéressant, je suis venue partager tout cela très sérieusement avec vous, en quatre grands points : l'apparition du monde international de la magie, les travers de la politique (même magique), l'importance grandissante de la presse et enfin, le léger mais pertinent ajustement de la place du personnage de Harry dans sa propre saga. 

On commence par le point le plus évident de cette démonstration, puisqu'il est clairement écrit dans le chapitre 7, Verpey et Croupton
"Harry commençait à entrevoir à quel point les sorcières et les sorciers étaient nombreux dans le monde ; jusqu'alors, il n'avait jamais beaucoup songé à ceux qui habitaient dans les autres pays." - Harry Potter et la Coupe de Feu
Au cours de ces trois premières années, Harry n'est guère sorti du monde de Poudlard, et du monde anglo-saxon. Il a, certes, fréquenté d'autres lieux - Le Chemin de Traverse et Le Village Pré-au-Lard - mais toujours dans un cadre scolaire : avant la rentrée pour l'un et lors des sorties organisées le week-end pour l'autre. Fréquentés par élèves et professeurs, ces lieux l'éloignent peu de l'univers de Poudlard.
Avec les deux événements internationaux de La Coupe de Feu (la finale de la coupe du monde de Quidditch et le Tournoi des Trois Sorciers), Harry se trouve pour la première fois confronté au vaste monde international des sorciers. Pourquoi c'est un changement important à ce stade là de l'intrigue? Parce que la guerre est sur le point d'éclater, une guerre qui va majoritairement reposer sur les épaules de Harry et il (et le lecteur) doit se rendre compte qu'il ne s'agit pas seulement de lui contre Voldemort, ou même de Poudlard contre les forces du Mal mais d'un monde entier menacé, de tous les sorciers et sorcières au-delà des frontières. Ce qui repose sur ses épaules est donc terriblement lourd, parce que le monde magique dépasse la vision de l'école.
La finale de la Coupe du Monde de Quidditch et le Tournoi des 3 Sorciers sont une première fenêtre ouverte sur l'ensemble des conséquences de la guerre qui se prépare et sur les responsabilités de Harry.

Harry Potter et la Coupe de Feu Rowling

Avec l'ouverture sur le monde international vient, évidemment, la politique. 
La politique n'est pas complètement exempte des trois premiers tomes mais elle avait jusque là été beaucoup moins institutionnalisée. Les Dursley expriment très tôt des positionnements politiques - sur le travail, la justice, la famille. Leur croyance vis-à-vis du sang les rapprochent, d'une certaine manière des notions de lignes pures défendues par Voldemort. 
Dans le tome 2, même si Fudge est présent en tant que figure politique, il est plutôt transparent, s'en remettant au jugement de Dumbledore. Le personnage qui incarne activement (et discutablement) la politique dans La Chambre des Secrets est incarné par Lucius Malefoy (je vous avais dit qu'il était discutable). Il en représente des aspects sombres mais non négligeables : manipulation, dissimulation, corruption, menace etc. 
L'arrivée de Sirius dans le tome 3 commence à bouleverser et forcer la politique dans l'univers de Harry. D'abord la politique (véritable, incarnée par Fudge) peut se tromper : l'innocent a été condamné et le coupable est toujours en liberté. On est ensuite témoin de la réaction du ministre de la magie, annonciatrice de celle qu'il aura face au retour de Voldemort. Non seulement la politique peut se tromper, mais elle peut également s'enfoncer et se complaire dans cette erreur pour son propre bénéfice. On aurait pu imaginer différentes façons pour Fudge d'obtenir la vérité sur la culpabilité supposée de Sirius Black. Il choisit cependant la décision qui servira sa popularité, plutôt que de chercher à être juste. 
Venons en à La Coupe de Feu, avec un paysage politique qui se précise à l'apparition des personnages de Ludo Verpey et de Barty Crouption, à l'entrée de Percy Weasley au ministère et avec cette incursion au coeur des procès du Magenmagot via la Pensine. Tous ont des profils différents et tous sont révélateurs. 

Verpey, ex-sportif apprécié, entre au ministère par relations mais on imagine sans mal pourquoi on le laisse en poste, malgré sa nonchalance. Très populaire, il donne une bonne image du ministère auprès de nombreux sorciers et sorcières. J'ai appris récemment sur Pottermore que :
"Le ministre de la Magie est élu démocratiquement, bien qu'à certaines périodes de crise, le poste ait été simplement proposé à une personne sans vote du public (Albus Dumbledore a reçu cette invitation et l'a refusée a plusieurs reprises)." - Pottermore.com
J'ignorais que les élections et les suffrages avaient court dans le monde magique mais cette nouvelle donnée sert d'autant plus mon propos. On comprend assez vite que Fudge est attaché à sa popularité parce qu'il est attaché à son poste. Devenir impopulaire auprès d'une majorité équivaut sans doute à une rapide destitution. Verpey, avec sa sympathie, est bénéfique à l'image du ministère de Fudge... Jusqu'à ce que l'ex-batteur révèle sa véritable nature. Parieur, fuyard, il n'hésite pas à entourlouper pour tenter de se tirer d'affaire. Et s'il tente d'aider Harry, ce n'est pas motivé par de bons sentiments mais simplement par profit personnel. 

Autre figure, autre style : Barty Croupton. Plus strict et plus droit que Verpey au départ, il n'en sort pas beaucoup plus reluisant à l'arrivée. 
"Je dirais même qu'il est devenu aussi implacable, aussi cruel, que de nombreux sorciers qui avaient choisi les forces du Mal." - Sirius Black. 
On s'aperçoit tout au long de ce tome que le modèle Croupton ne fonctionne donc pas mieux. Il ne suffit pas d'appartenir au camp des "gentils" pour être quelqu'un de bon. 
De même, Percy Weasley, aveuglé par son ambition, subit le même traitement. Personne ne le considère comme maléfique mais la politique et son désir de s'élever lui font aussi prendre de mauvaises décisions. 

Justice et politique sont étroitement liées, y compris chez Rowling. Au plus ténue de la frontière, Fudge, toujours ministre, va jusqu'à conduire le procès de Harry dans le tome 5. Dans La Coupe de Feu on assiste pour la première fois à la froideur de la justice magique. Pratiquée dans les cachots, elle est rythmée par le râle des Détraqueurs et le cliquetis des chaines des sinistres fauteuils.

Quelque soit son mode d'expression la politique n'a pas très souvent bonne réputation dans le monde de Harry Potter. On verra d'ailleurs que cette vision critique se poursuit à l'arrivée de Scrimgeour au poste de ministre, bien qu'il soit très différent de Fudge.
Une exception à cette mauvaise image politique, la S.A.L.E. Si ses évocations sont surtout une occasion pour Harry et Ron de se moquer de Hermione, sa création est aussi une nouvelle opportunité pour La Coupe de Feu de montrer ses considérations politiques. Hermione est de ces jeunes qu'on a tous connus, et qui s'engagent pour des causes bien avant que la plupart de leurs camarades n'y fassent attention. Certes, la Société d'Aide à la Libération des Elfes relève davantage de l'association que du parti mais ses revendications ont directement des enjeux politiques : droits des elfes et de toutes les créatures magiques. Elfes, gobelins et centaures joueront d'ailleurs des rôles déterminants dans le tome 7, en parti en réponse à la manière dont ils ont été traité par les sorciers. 

Cependant, si le ministère est une gêne, parfois un obstacle à contourner, son autorité n'est jamais suffisante pour empêcher Dumbledore, Harry et l'Ordre du Phoenix d'agir dans leur sens. Une grande partie du tome 5 sera dédiée à cette rébellion : par l'existence même de l'Ordre, par la résistance qui s'opère à Poudlard contre Ombrage (extension directe du ministère) largement menée par les jumeaux Weasley et, évidemment, par la constitution de l'Armée de Dumbledore. Et surtout, par le coup de génie de Hermione, qui contourne le monopole de la Gazette du Sorcier grâce à l'appui du Chicaneur. Ce qui nous amène à notre troisième point : la place de la presse. 

Harry Potter et la Coupe de Feu Rowling

Personne n'a oublié l'horrible Rita Skeeter, elle aussi apparue lors du quatrième tome. Avant l'arrivée d'Ombrage, c'était probablement l'un de personnages non-maléfiques les plus détestables de J.K.Rowling. Usant de tous les moyens sans soucis de moralité ou de légalité, elle est l'essence même de la presse à scandale. Son exubérance incarnée met parfaitement en lumière l'importance de la presse au cours des 7 tomes. 
Le monde de Harry n'est pas forcément connu pour sa pluralité médiatique. Il est parfois mention de Sorcière-Hebdo (équivalent du féminin moldu) ou de Sorcellerie-Info (= l'info en continu sans doute), mais La Gazette du Sorcier est très souvent la seule source d'information évoquée. Étroitement liée au ministère de la magie (coucou le retour de la politique dans le tableau!), elle atteint ses limites aux yeux de Harry dans La Coupe de Feu. Portée par la voix omniprésente de Skeeter, le journal impose une version des faits qu'une grande partie de la communauté magique accepte sans questionnement.
Décrédibilisant ses opposants, censurant l'information du retour de Voldemort, La Gazette du Sorcier va lui permettre de réorganiser son armée sans mal. Quand elle perd définitivement sa fonction de référence de l'information pour Harry, elle ouvre le champ à d'autres médias du monde magique. Très justement, cette pluralité des voies de communication intervient quand les héros approchent du coeur de leur adolescence, un âge où même les ados moldus commencent à chercher au sein des médias aux paroles indépendantes (Le Chicaneur notamment, et la fameuse radio pirate : Potterveille).


Dernier point de ma (longue) démonstration, la place de Harry lui-même.
Il est clairement le personnage archi-central de tout ça. Tous les secondaires sont très en dessous de son importance et il est littéralement la clé de tout. Pourtant, j'ai toujours eu le sentiment que le quatrième tome marquait aussi un changement à son niveau. S'il est toujours au coeur de toutes les intrigues principales, des indices apparaissent lors de la quatrième année... Ou plutôt avant le début de la quatrième année de Harry.
Pour la première fois, on assiste à une scène où Harry n'est pas là. Même si on comprend très vite qu'il en est témoin en rêve, il n'est physiquement pas là. Dans Le Survivant (1er chapitre du tome 1), bien que nourrisson, Harry est présent dans la scène.
Pour la première fois également, un tome ne s'ouvre pas chez les Dursley (qui est tout de même la résidence de Harry). Un phénomène qui sera renouvelé en tome 6 et 7. Le tome 6 n'est d'ailleurs tellement pas à propos de Harry qu'il est absent des DEUX premiers chapitres.
Plus anecdotique, c'est aussi la première fois que l'anniversaire de Harry est déjà passé au début du tome.


Par le retour de Voldemort, Harry Potter et La Coupe de Feu est indubitablement le pivot de toute la saga. Vous aurez compris qu'à mon sens, la mutation est plus profonde et plus subtile que ça. Il est vrai que le Seigneur des Ténèbres a une influence sur toutes les données évoquées mais elles découlent tout autant de Harry quittant l'âge de l'enfance et de l'entrée dans un pan plus adulte et plus complexe de la saga. On se farcit suffisamment la crise d'adolescence du Potter dans l'Ordre du Phoenix pour que vous me croyiez sur parole.

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J'ai été vraiment très heureuse de redécouvrir ce tome avec autant de détails. Mon inconscient et le vôtre avaient certainement déjà perçu la majorité de tout cela mais remettre à plat tous les éléments permet de visualiser leur façon de s'emboîter. Et puis ça ne mange pas de pain de rappeler que Dame Jo est un génie.

Quoi, je suis en train de renouer à 2000% avec mon Potterheadisme.
J'en fais trop?
D'accord.
Bisous. Poutoux!
Lily.
Lippoutou.
T'as compris? Bon ok, salut.  


xoxo
Lily

2 commentaires:

  1. Génial cette relecture ! J'ai moi aussi envie de replonger dans ce merveilleux monde depuis un bon moment, alors je ne peux que savourer tes mots ;) !

    Hâte de voir ce que tu vas dire du tome 5 ! (Qui était/est mon préféré.)

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  2. C’est toujours tellement un plaisir de relire HP :) Le compte rendu du 5ème tome devrait arrivé dimanche prochain si tout va bien. On ne sera peut-être pas d’accord mais j’ai trouvé intéressant de le mettre en parallèle avec le tome 6 sur plusieurs points. Tu me diras ce que tu en penses!

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