dimanche 6 décembre 2015

[AUTEUR] MARC DUGAIN : L'Insomnie des Étoiles & La Chambre des Officiers.

Hello les amis !

Ce dimanche, je vous propose un petit focus sur un auteur, Marc Dugain. Ce ne sont habituellement pas mes articles préférés, mais je me suis retrouvée à lire deux de ses titres en même temps. Peut-être connaissez-vous d'ailleurs La Chambre des Officiers de vos lectures de collège ou du lycée. Je m'arrêterai cependant plus longuement sur L'Insomnie des Étoiles, qui a davantage retenu mon attention. Dites-moi si vous connaissiez, ce que vous en pensez et si ça vous a donné envie de les lire!


L'insomnie des étoiles - MARC DUGAIN
4ème de couv': Automne 1945, alors que les Alliés se sont entendus pour occuper Berlin et le reste de l'Allemagne, une compagnie de militaires français emmenée par le capitaine Louyre investit le sud du pays. En approchant de la ville où ils doivent prendre leurs quartiers, une ferme isolée attire leur attention. Les soldats y font une double découverte : une adolescente hirsute qui vit là seule, comme une sauvage, et le corps calciné d'un homme. Incapable de fournir une explication sur les raisons de son abandon et la présence de ce cadavre, la jeune fille est mise aux arrêts. Contre l'avis de sa hiérarchie, le capitaine Louyre va s'acharner à connaître la vérité sur cette affaire, mineure au regard des désastres de la guerre, car il pressent qu'elle lui révèlera un secret autrement plus capital.

"Personnellement, je préfère voir des hommes s'aimer que s'entre-tuer.
-Mais cet homme là tuait, capitaine!
-Probablement parce qu'on l'a empêché d'aimer ou d'être aimé."

L'Insomnie Des Étoiles
Je ne sais pas très bien comment ce roman de Marc Dugain a débarqué chez moi. Il y était, je suis tombée dessus et son titre m'a immédiatement séduite. L'insomnie des étoiles a quelque chose de poétique, même si je n'ai pas tellement d'explication quant à son rapport au texte.

En matière de lecture, je n'aime pas trop utiliser le terme de "coup de coeur". C'est l'une de mes bizarreries parfaitement assumées. D'une part parce que l'expression ressemble à un label, et que je déteste classifier le monde dans des cases. Ensuite parce qu'être "un coup de coeur" ne renvoie à rien, ou, au contraire, à trop de choses différentes. Il y a les bloggeurs qui l'emploient trop souvent à mon sens, les booktubeuses qui l'attribuent à des titres qui ne le méritent pas. L'expression est trop subjective, repose trop sur l'affect pour que je la trouve très parlante, très révélatrice pour les lecteurs, les abonnés.

Pourquoi je vous parle de tout cela maintenant? Tout simplement parce que j'ai eu envie de l'utiliser pour ce roman de Marc Dugain, et de manière inattendue. Du moins, si on excepte quelques décisions scénaristiques de la fin.
Je sors d'une petite panne de lecture romanesque et je n'ai choisi ce roman que sur la seule justification de la beauté de son titre. Autant vous dire que j'en avais aucune attente et que j'étais surprise de l'apprécier autant.  
Mon premier élan d'amour a été pour le capitaine Louyre, un personnage qui possède, en plus d'une finesse et d'une intelligence appréciables, une conscience philosophique développée. Tout au long du récit, ses réflexions sont pertinentes et intéressantes.

Le roman se situe juste à la fin de la guerre 39-45. Une petite ville allemande se retrouve annexée par un corps militaire français. Une confrontation des esprits s'engage entre ceux qui font parti du camp des "vainqueurs" et ceux qui sont clairement vaincus. Ce qui est assez surprenant et très bien mis en valeur par Dugain, c'est la mouvance de ces notions. Le peuple du pays vaincu n'en a pas forcément conscience et les stéréotypes de l'ennemi sont exacerbés.

Le coeur du livre est assez terrible, mais puisqu'il est majoritairement le récit d'événements qui se sont déroulés antérieurement à l'action, la terreur en devient très froide. Les citations, qui abordent entre autre des questions d'euthanasie, n'en sont pas moins terribles. Je vous en ai sélectionnées quelques unes, en espérant qu'elles vous mettront l'eau à la bouche (bien plus que mes longs discours indigestes).
"Le Reichleiter Bouhler et le docteur Brandt sont chargés, sous leur propre responsabilité, d'élargir les compétences de certains médecins qu'ils auront eux-même désignés, les autorisant à accorder la mort par faveur aux malades qui, selon le jugement humain, et à la suite d'une évaluation critique de l'état de leur maladie, auront été considérés incurables."
"Il fallait aussi recenser l'idiotie."
"Je dirai que chacun de nous possède un enthousiasme à tuer limité." 
De sa plume simple, accessible et non moins belle, soignée et choisie, Marc Dugain nous indique que le tortionnaire n'est pas un diable avec des cornes, une queue pointue et un rire diabolique. Il est l'homme next door, celui qui est convaincu d'agir pour le bien de son peuple et de son pays. Et ça, ça fait froid dans le dos.



La Chambre des Officiers - MARC DUGAIN
En 1914, tout sourit à Adrien, ingénieur officier. Mais, au début de la guerre, lors d'une reconnaissance sur les bords de la Meuse, un éclat d'obus le défigure. En un instant, il est devenu un monstre, une "gueule cassée".
Adrien ne connaître ni l'horreur des tranchées ni la boue, le froid, la peur ou les rats. Transféré au Val-de-Grâce, il rejoint une chambre réservée aux officiers. Une pièce sans miroir où l'on ne se voit que dans le regar des autres. Il y restera cinq ans. Cinq ans entre parenthèses. Cinq ans à pour penser à l'avenir, à l'après-guerre, à Clémence qui l'a connu avec son visage d'ange. Cinq and à nouer des amitiés déterminantes pour le reste de son existence...

La Chambre des Officiers
C'est un roman que j'avais lu au collège il me semble, et qui ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable. Je l'ai relu ici par curiosité, quand je me suis rendue compte qu'il était du même auteur que L'insomnie des Étoiles. Je suis moins dithyrambique à son sujet, bien que sa lecture me semble assez recommandable à tous. D'abord parce que ça montre ce qu'est réellement la guerre, les affrontements à l'arme lourde. Ce n'est pas seulement des images à la télévision et des frontières qui se déplacent. Si on zoome x1000 sur les images satellites, il y a des visages complètement détruits et des êtres humains qui doivent réapprendre à vivre différemment.

La Chambre des officiers compte moins de 200 pages et l'écriture de Dugain toujours très accessible en fait une lecture rapide. Ce qui m'est apparu comme extraordinaire est la façon dont tout, même les événements les plus atroces, les épreuves les plus douloureuses, sont capables de s'encastrer dans un quotidien dont on peut revenir. En ça, la capacité de survie de l'être humain est incroyable. Il tombe, se relève, refait les mêmes erreurs et survit toujours.

Le hasard a fait que j'ai lu ce livre à un moment où il était le bienvenu. C'était juste après les attentats du 13 novembre et, malgré la difficulté de ce qu'elle raconte, La Chambre des Officiers porte un message très positif.
Je vous conseille d'aller y jeter un coup d'oeil si vous ne l'avez jamais fait et, si je ne vous ai moi-même convaincus, je vous laisse méditer sur l'une des citations que j'ai extraite :

"Ce qu'on avait imposé aux Allemands en cette belle journée de juin nous mettait à l'abri de la guerre pour toujours."  
On était en 1919. 


PS : Je vous rappelle qu'un concours est toujours en cours pour gagner un marque-page Gryffondor, directement issu du merchandising officiel. 

xoxo
Lily

4 commentaires:

  1. Je les ai lus tous les deux, il y a déjà un bon moment.

    Je me souviens avoir beaucoup aimer L'Insomnie des étoiles mais je serais parfaitement incapable de raconter de quoi ça parle [mémoire de poisson rouge, bonjour !].

    Pour La Chambre des Officiers, ce fut l'un des premiers romans que j'ai lus sur les "gueules cassées" et cet aspect m'avait marquée.

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    1. C’est aussi pour ça que j’ai commencé (et que je continue) mon blog. Avoir une trace de toute mes lectures, c’est plutôt pratique parfois ;-)

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  2. J'ai lu La chambre des officiers et j'ai beaucoup aimé ! Il m'a marqué.

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    1. Il me semble qu’on est vraiment beaucoup à l’avoir lu. Petit passage obligée dans la littérature de la Première Guerre Mondiale je pense :)

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