dimanche 27 septembre 2015

Pourquoi la bloggeuse livresque blogue-t-elle toujours la même chose?

Le questionnement est évidemment valable pour les blogueurs littéraires au masculin et, plus généralement pour toute personne tenant un blog, quelqu'en soit le sujet.


Avec le développement des blogs et de leur popularité, les blogs et blogueurs sont en toute logique de plus en plus sujets à critique. Courtisés par les mêmes marques, influencés par les mêmes personnes, les auteurs de billets en ligne auraient tendance à produire des contenus uniformes et de moins en moins surprenants. Au sein de la blogo livresque, personne n'a pu par exemple échapper à Aristote et Dante découvrent les Secrets de l'Univers de Benjamin Alire Saenz (dont le titre est bien plus connu que son auteur) ou à Demain J'arrête ! de Gilles Legardinier.

Au lieu de maugréer et de râler parce que de toute façon, le monde est pourri et tout booktube et la blogo travaillent aux bottes des maisons d'édition, j'ai cherché à comprendre.

blog livres TPMBouquins

Effectivement, tous les facteurs évoqués dans cette introduction jouent dans ces titres identiques qui reviennent encore et encore. Mais en parcourant les statistiques de mon propre blog (comme vous le voyez, je n'ai pas poussé mon investigation bien loin), je me suis rendue compte qu'on oubliait peut-être un acteur du champ : le lecteur. Oui c'est vous que je vais accuser chers amis ;-).

Nous sommes bien d'accord que tout blog digne de ce nom est ouvert par passion. Touche pas à mes Bouquins est le premier que je tiens aussi longtemps, tout simplement parce que les livres (et la culture populaire) est l'un des seuls sujets dont je peux parler aussi régulièrement sans me lasser (et pour lequel j'ai le sentiment de pouvoir apporter un discours un tout petit peu éclairé et pertinent).
La passion c'est bien, mais l'audience reste importante si l'on n'a pas envie de parler tout seul à longueur d'articles. De fait, faire attention aux articles les plus cliqués, les plus vus et les plus commentés fait aussi partie du quotidien du blogueur. Ces données sont évidemment directement influencées par les lecteurs et ce qu'ils font du contenu proposé. Et quels sont les titres et auteurs qui font le plus d'audience? Sans surprise, ceux que tout le monde connaît déjà.

À titre indicatif, l'article le plus consulté de mon blog est le synopsis revu et corrigé de Demain, l'un des romans de Guillaume Musso, l'un des auteurs français les plus lus au monde. Il approche du millier de clics alors que le second le plus consulté (le premier épisode du Top 100 de mes personnages préférés de séries TV) n'a pas encore atteint les 500 vues. L'écart entre les deux, passant pratiquement du simple au double, est tout de même important.
Parmi les 10 articles les plus populaires du blog, la deuxième chronique concernant directement une critique de romans est Cinquante Nuances et autres coups de fouets. Même si l'article en question concerne également une duologie plus méconnue de la littérature érotique, la référence à la saga 50 Shades est plutôt évidente. Vous m'accorderez sans trop de soucis que littéralement tout le monde connaît la saga de E.L.James.
Une nouvelle chronique littéraire est récemment apparue dans ce top 10 après avoir été mise en avant dans une sélection Culture Hellocoton, l'analyse du quatrième tome de la saga Harry Potter. Là encore, pas de contradiction vis-à-vis de la théorie puisque je peux affirmer sans trop de risques que tout ceux qui ont cliqué sur le lien de cet article connaissaient au préalable les aventures du jeune sorcier. 

Même si je mets en lumière la part de responsabilité du lecteur, je suis bien loin de vous jeter des cailloux. D'abord, parce que j'en vois régulièrement revenir sur le blog, indépendamment du contenu. Ensuite, parce que je suis aussi lectrice. Je suis la première à cliquer sur les choses que je connais, pour voir comment les autres en parlent ou pour comparer des avis. Ce n'est pas du tout une attitude préjudiciable, bien au contraire. La pluralité des voies est essentielle dans tous les domaines, sur tous les sujets.

Que fait-on du coup?

On continue à parler des titres que tout le monde connaît. Entretenir l'audience d'un blog permet de contribuer à sa durée de vie et à sa raison d'être : partager, partager, partager. Les discours novateurs ne servent à rien si personne n'est là pour les entendre. Pour autant, on oublie les langues de bois et les propos uniformes et on dit ce qu'on pense. Si on n'a vraiment détesté un livre, on le dit. On ne fait pas dans le demi-mot, tout en "ça ne m'a pas plu même peut-être que ça plaira à quelqu'un alors lisez-le!". Ce n'est pas de la cruauté que d'expliquer pourquoi on ne l'a pas aimé, de dire que le style est plus que passable, que l'intrigue est réchauffée et bancale. Il y a des livres mauvais, dont tout le monde s'accorde à dire qu'ils sont mauvais (même les éditeurs qui travaillent dessus). On peut reconnaître un livre comme très bon, et ne pas l'avoir apprécié pour des raisons subjectives. On peut avoir succomber à un livre qui n'est objectivement pas sensationnel.
L'intérêt de bloguer est précisément de délivrer son propre avis, pas d'être d'accord avec le plus grand nombre de personnes possibles.
On n'hésite pas non plus à être créatifs sur les concepts, à varier les formes, afin d'aborder les sujets sous différents angles. Je pense notamment aux pages de mon Potter Journal ou à mes 1 Chapitre, 1 Réflexion que vous avez récemment vus sur le blog.

blog livres TPMBouquins

Deuxième solution, on arnaque ses lecteurs. Ne partez pas, c'est pour votre bien. Un beau titre accrocheur, un énorme best-seller attirera le clic. Un fois l'internaute chez vous, profitez-en pour caser autre chose avec. Dans un même article, un bilan par exemple mélanger les titres les plus vendus avec les auteurs les plus obscurs. Ou profitez de la soudaine popularité d'un genre pour y consacrer un article entier, en y incluant les romans les moins médiatisés. Bref, usez d'ingéniosité pour que la blogosphère ne servent pas seulement à vendre davantage des livres qui se vendent déjà très bien, ou à servir d'encart publicitaire aux maisons d'édition, mais aussi à faire émerger des titres qui possèdent moins de visibilité que les autres.


Blogueurs, lecteurs, j'espère que cet article aura nourri votre réflexion. Que vous futurs articles, vos futurs clics, vos futurs commentaires en soient encore plus conscients! Vous êtes, bien entendu, invités à donner votre avis dans les commentaires ci-dessous!


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xoxo
Lily

11 commentaires:

  1. Super article ! C'est exactement pour ça que je n'ai pas cherché à entrer en contact avec des éditeurs malgré le "gros" lectorat de mon blog (on approche les 48 000 visiteurs ce mois-ci), je me dis que je préfère finalement acheter les livres qui me plaisent, qu'ils soient anciens ou récents, plutôt que de ressentir une quelconque "obligation" à lire telle ou telle nouveauté.

    Il n'empêche que je constate, comme toi, que les lecteurs sont attirés par les auteurs "connus". J'aimerais dire qu'en tant que blogueurs littéraires on a un pouvoir de prescription mais je ne peux que constater que souvent, les gens cliquent quand ils connaissent le nom de l'auteur et zappent quand ils ne connaissent pas... Mais bon, si quelques poignées de gens découvrent un livre méconnu grâce à nous, c'est toujours ça de pris :)

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    1. Merci :) Il est vrai que ne pas avoir d’obligation de chroniques envers les éditeurs facilitent les choses. Pourtant, certains partenariats sont, je crois, assez libres. Je lis ou j’entends régulièrement ‘’telle maison d’édition m’a proposé de choisir quelques livres dans leur catalogue…'’ et parfois encore, les choix libres ne sont pas très originaux, parce qu’ils/elles choisissent en fonction de ce dont ils/elles ont entendu parler et ont envie de se faire leur propre opinion dessus. Et encore une fois, c’est plutôt compréhensible même si les conséquences sur la blogo sont dommages.
      Je n’ai pas encore été approchée par le milieu éditorial et peut-être qu’alors, la tentation sera trop grande et que j’accepterai aussi de recevoir des livres que tout le monde a déjà chroniqué. La gratuité a cette perversité qu’il est souvent compliqué de la refuser. C’est pourquoi je crois aussi en l’importance de la forme et de l’angle d’approche d’un livre.
      Le plus étonnant étant qu’aucun éditeur ne t’est approchée avec une telle perspective de lectorat. Peut-être parce que ton blog n’est pas principalement consacré aux livres, ils ont du passer à côté ;-).

      En complément de ce qu’on propose, je pense qu’il y a un travail d’éditeur à faire en amont peut-être, pour présenter aux bloggeurs et bloggeuses des livres qui sont différents ou moins attendus.
      Rappelons tout de même que tout le système éditeur/bloggeur/lecteur est très jeune et espérons qu’il grandisse dans le bon sens :)

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  2. En tant que bibliothécaire et blogueuse,je suis également effarée de voir toujours les mêmes livres/auteurs sur les blogs! Beaucoup de blogueurs et youtubeurs se contentent de ressasser les mêmes succès commerciaux...

    Merci pour ton article!! :)

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    1. Merci à toi pour ton commentaire :) C’est un sentiment qu’on est de plus en plus à éprouver malheureusement. Est-ce que cette influence de bloggeurs/youtubeuses se ressent également dans ton métier? On doit souvent te demander des titres qui sont populaires sur la blogo, non?

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  3. Intéressant ! Mais pour ma part, je pense être un peu en dehors des sentiers battus avec mon blog. Un livre que je n'ai pas aimé ne figurera pas dessus. Pourquoi ? Parce que quand on va voir la bibliothécaire ou le libraire, c'est pour avoir un conseil, pas pour entendre "non, ne lisez surtout pas celui-ci, il est pourri !" Voilà, c'est un peu mon créneau : faire part uniquement des livres que j'ai aimés.

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    1. Ton point de vue et ton positionnement sont intéressants aussi et défendables. Je me demande pourtant si un blog doit vraiment s’apparenter de cette façon au bibliothécaire ou au libraire, avec cette sorte de professionnalisme. Après on entend des choses comme «je n’ai lu/entendu que des avis positifs sur ce livre» ce qui n’est ni pertinent, ni juste si tous les avis négatifs ne sont pas dis. Je vois plutôt mon blog comme une discussion entre ami(e)s, dans laquelle je dirai aisément «lis pas ça c’est naze» ou «achète-le il est génial!»
      Mais c’est effectivement une question que je me suis posée à l’ouverture du blog : parler des livres que je n’ai pas aimé ou non? pour quelles raisons? dans quels termes?

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  4. Il est indéniable que bons nombres de blogs littéraires ne parlent que des succès littéraires, et ne s'aventurent pas, ou très peu hors des sentiers battus. Ces mêmes blogs qui vont toujours te vanter le fooooormidable dernier roman en date. Personnellement, je ne vois rien de mal à cela. Là où ça me gêne, c'est de savoir que certains le font uniquement pour garder des partenariats. C'est un état d'esprit que je ne partage pas, et c'est pour ça qu'il y a certaines blogueuses que je ne lis jamais. Assurer à son lectorat que tous les nouveaux romans lus sont des coups de coeur... soit la blogueuse ment, soit elle n'a pas de neurone et est incapable de se faire une opinion personnelle ^^.
    Ensuite, il y a le fait que les lecteurs ne cliquent que sur les livres ou références qu'ils connaissent. D'un côté, j'ai envie de te dire qu'il y a un sens assez normal à cela. Je pense que c'est assez logique d'aller vers ce que l'on connaît. A titre de comparaison, si au cinéma il y a un film avec des acteurs ultra-connus et un autre avec des acteurs méconnus, en premier la plupart s'intéresserait au premier film... Et ensuite, si vraiment le scenario ne branche pas, on se reporte sur le deuxième. Alors oui, c'est frustrant de parler d'un livre que personne ne connaît, et de constater qu'au bout de 3 mois il n'a eu que... 3 clics (c'est du vécu ^^). Mais voilà, il y a au moins 3 personnes qui ont eu la curiosité de cliquer sur ledit article, et c'est déjà ça :D

    Pour ma part, je fais un mixe des deux. Je lis des succès commerciaux, parce qu'à force d'en entendre parler j'ai envie de me faire ma propre opinion. Parce que, auteur connu ou pas, le synopsis me tente. Parce que parfois je demande des partenariats... Mais je lis aussi énormément de romans moins "côtés". La seule invariable, là-dedans, c'est que je m'autorise à en parler sur mon blog comme bon me semble. Encenser le dernier succès littéraire, descendre le roman que tout le monde a trouvé maaaagnifique, sauf toi (ma prochaine cible : The book of Ivy ^^). Faire l'éloge d'un auteur trop peu connu selon toi, dire que je n'ai pas aimé tel roman de cet illustre inconnu... Bref, j'essaie d'être la plus sincère possible dans mes avis.

    Alors certes, j'ai pleinement conscience que mes articles les plus lus sont ceux dont les auteurs, ou les titres, sont les plus connus, et que certains livres n'intéressent presque personne... Je sais que si je parlais plus souvent des grands auteurs en vogue, j'aurais des statistiques plus élevées (parce que 10 000 vues en 5 mois, ce n'est pas non plus la panacée, quoi lol). Seulement, je n'ai pas créé ce blog pour être "populaire" dans la blogo littéraire (même si,évidemment, je suis comme tout le monde, j'apprécie de voir que tel article a été lu). Je n'ai créé pour parler de mes ressentis sur mes lectures. Toutes mes lectures, quelles qu'elles soient. Succès commercial ou non.

    En tout cas, le fait que tu sois en sélection Hellocoton m'a permis de découvrir ton blog, et j'ai vu qu'il y avait des articles très intéressants. Je reviendrai lire quelques unes de tes réflexions, mais également des avis littéraires. Connus ou non ^^

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    1. Wow, merci d’avoir pris le temps de rédiger un avis détaillé :)
      Je suis globalement d’accord avec tout ce que tu dis, si ce n’est qu’il y a des boggeuses/youtubeuses que je continue de lire et d’écouter même quand leurs avis m’intéressent pas forcément (je suis bizarre sans doute). Je trouve que c’est intéressant du point de vue des tendances, notamment.

      La sincérité est effectivement essentielle. Je crois qu’à partir du moment où tu écris quelque chose que tu ne penses pas, tu anéantis le principe du blogging.
      Comme tu dis, même s’il n’y a eu que trois clics sur un livre inconnu, c’est déjà peut-être 3 personnes qui ont découvert une nouvelle chose :) Et continue de blogger comme tu le fais, 10 000 vues en 5 mois représentent déjà beaucoup de clics!

      Merci encore pour ta gentillesse, je serai ravie de t’accueillir à nouveau sur mon humble blog :)

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  5. Je pense que ça dépend également beaucoup de ce qu'on attend de son propre blog. J'ai peu de vues, et ça ne me gêne pas, je partage essentiellement avec des proches, ou des inconnus qui se reconnaissent dans mon blog. ça me fait plaisir, si jamais je n'ai pas de vue sur un article, ça m'est égal, il m'aura servi à m'exprimer à défaut de servir à quelqu'un.

    Je ne me vois pas lire des livres populaires pour en faire une chronique si ce ne sont pas des livres qui m'intéressent. Même si ça ramène des lecteurs.

    Et paradoxalement, sur mon blog, j'ai plus de vues sur les articles de petites maisons d'édition (qui sont plus réactives sur le partage de chroniques) que sur des titres connus.

    Mais cela vient du fait également qu'en tant que bibliothécaire, le gros de mon travail de médiation revient à présenter à la fois le best seller et le confidentiel. Quand je suis à la maison, peu importe le public, je fais uniquement ce qui ME plait :p

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    1. Ça dépend effectivement de ce qu’on veut faire de son blog. C’est vrai que je ne l’ai pas mentionné dans l’article, mais mon blog a aussi une utilité personnelle, comme une réserve de fiches de lecture que je pourrais consulter au besoin. Juste au lieu de les garder pour moi, je les partage :)

      Mon but était surtout de dire que, si on a envie de parler de livre dont tout le monde parle, de ne pas se l’interdire sous prétexte justement que tout le monde en parle. Simplement de porter attention à ce qui s’est déjà dit et fait autour de nous.
      Mais évidemment, l’essentiel reste bien de surtout parler d’exactement ce qu’on a envie!

      Merci pour cette remarque pertinente sur les petites maisons d’édition. Il est vrai qu’il y a peut-être plus d’enjeux pour eux à relayer ce genre de billets. Sans compter que le contact est plus facile avec les petites structures.

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